Gérard Uféras

Gérard Uféras

Première rétrospective consacrée à Gérard Uféras, États de grâce rassemble plus d’une centaine de tirages autour de trois séries majeures : “Un fantôme à l’opéra” (1988-2001), “L’Étoffe des rêves” (2000) et enfin “Un pas vers les étoiles” (2003-2005).

Galeries

La MEP

Première rétrospective consacrée à Gérard Uféras, États de grâce rassemble plus d’une centaine de tirages autour de trois séries majeures : “Un fantôme à l’opéra” (1988-2001), “L’Étoffe des rêves” (2000) et enfin “Un pas vers les étoiles” (2003-2005). Se glissant dans les coulisses des grands opéras, des défilés de mode ou du ballet de Paris, Gérard Uféras nous dévoile des paradis secrets. Spécialiste des huis clos de grands spectacles, il se laisse envoûter par ce monde de féerie sur lequel il porte un œil tendre et complice et dont il nous invite à partager la magie.

Cofondateur de l’agence Vu, aujourd’hui membre éminent, depuis plus de 15 ans de l’agence Rapho, Gérard Uféras a toujours préféré l’ombre chatoyante des coulisses du métier à la lumière trop crue d’une “vedettarisation” contraire à son éthique. Tout respire chez lui en priorité un savoir-faire qui sacrifie le paraître à son amour du beau.

Car son parcours est exceptionnel, depuis cette historique “carte blanche” qui lui fût donnée aux côtés de Jeanloup Sieff et de Mary Ellen Mark, et lui permit de vivre un moment clé de sa jeune carrière : sa rencontre avec le monde jusqu’alors impénétrable de l’Opéra de Paris. Ce fût le début d’un état de grâce, dont l’appellation éponyme de cette rétrospective est plus que justifiée.

Dans les cénacles de la création que sont les coulisses des plus grands opéras, des défilés de mode ou du ballet de Paris, le photographe devient lui-même chorégraphe de paradis secrets ainsi dévoilés. Spécialiste des huis clos de grands spectacles, il pourrait, à l’inverse de Jean-Paul Sartre, dire avec sa légitimité de photographe humaniste : “le paradis : c’est les autres”. Il suffit de ne plus se voiler la face et d’emprunter à Gérard Uféras l’acuité et la magie de son regard de poète.

Grand admirateur de Cartier-Bresson, de Kertész et de Koudelka, il s‘est fait lui-même bête de scène en quête d’un émerveillement à faire partager. Il restitue parfaitement cette jouissance du moment, à l’image de la Dorabella renversée de bonheur sur les marches de Glyndebourne et de Charlotte Ranson pendant les répétitions de la Belle au bois dormant de Noureev en 2004.

Le photographe a su forger son propre style, tutoyer ses maîtres et maîtriser à leur manière la jubilation de l’instant décisif avec un sens extrême du cadrage. Gérard Uféras n’est jamais voyeur. Il porte sur ce monde de paillettes, comme sur les décors des opéras ou les miroirs de l’École de danse, un œil tendre et complice – qui s’étonne toujours du merveilleux des personnages et de sa propre chance. Il reste en permanence le gamin des faubourgs qu’il fût, écartant les rideaux interdits des coulisses visitées, comme “happé, envoûté de féerie en féerie” raconte-t-il, avec dans ses yeux pétillant de bonheur l’enchantement de l’expert, qu’il est devenu sans jamais être blasé. […]

“Lorsqu’une telle fusion s’établit entre l’esprit et le cœur, c’est qu’on se trouve face à un très grand artiste, confie son ami de toujours Willy Ronis. On voudrait employer un mot très fort, mais on n’ose pas, alors on dit qu’on est devant le grand mystère qui se nomme la Grâce.” […]

Alain Mingam