Dominique Auerbacher

Dominique Auerbacher
Scratches

Galeries

La MEP

SCRATCHES, corpus d’images photographiques réalisé à Berlin en 2009, manifeste de ces accumulations d’inscriptions codées, d’acronymes, gravés par des anonymes dans les vitres des transports publics qui circulent jour et nuit dans toute la ville.

Ces tags ou Kratzen (griffures pour les berlinois), je les nomme SCRATCHES d’après un procédé des DJs, le Scratch, qui est, comme le tag ou le graffiti, un mode d’expression de la culture Hip-Hop. Kratzen, Scratch, Scratches, ont également une sonorité proche de l’onomatopée.

La communauté invisible des taggeurs transforme les surfaces vitrées en des œuvres collectives éphémères qui évoquent l’Action-Painting. La vitalité agressive des griffures est, en quelque sorte, la transposition esthétique de la vitesse des transports, des trépidations des grandes villes, du télescopage des flux d’images et d’informations. L’acte subversif inscrit dans les vitres se perpétue dans une structure de gestes et de signes qui apparaît, à chaque instant, différente dans les rythmes de la lumière et du transport.

Les Scratches captent et diffractent les rayons du soleil et les éclairages de la nuit – l’éclat dans une griffure. l’éblouissement du blanc – Les jours ternes, les Scratches s’estompent.

Tout le long des trajets, à travers les jeux de leurs transparences et opacités, les Scratches révèlent et effacent, des morceaux de ville. Dans les surfaces vitrées, les perspectives et les distances basculent, le proche et le lointain s’inversent. Scratches, rues et visages, intérieur et extérieur, se superposent, les formes et les couleurs, devant et derrière la vitre, se mêlent, en des images quasi abstraites. un bras s’arrête sur une façade, sous un tag défile une bouche riante gigantesque, l’affiche publicitaire est absorbée par le jaune vif d’un tram, un « DON’T BE A MAYBE » traverse mon reflet.

Des tableaux de Scratches se construisent et se déconstruisent sur l’écran LCD de l’appareil photo.
Depuis plusieurs années une campagne anti-tag est menée contre les Scratches condamnés comme des actes de vandalisme.
La BVG, la compagnie berlinoise des transports en commun, après avoir recouvert les surfaces vitrées d’un film adhésif transparent qui était renouvelé une fois taggé, utilise de plus en plus souvent un film plus épais fortement teinté vert ou imprimé du motif blanc de la porte de Brandebourg; derrière ces vitres fumées, quadrillées, l’espace s’assombrit, aquarium ou cage, on est coupé de la ville au dehors.

Les Scratches sont une des manifestations les plus récentes et les plus éphémères de la longue histoire du graffiti qui remonte aux inscriptions populaires, aux combinaisons d’écriture cursive et de dessins, de l’Egypte ancienne, la Grèce antique, la cité maya de Tikal, la ville de Pompéi… Les Scratches disparaissent petit à petit du paysage berlinois et avec eux disparaît une des formes d’expression de la culture urbaine underground.

Sans la photo, le graffiti existe, mais comme s’il n’existait pas. Sans la photo, ils seraient voués à la destruction.
Picasso in Brassaï, Conversations avec Picasso, Editions Gallimard, 1964, Paris.

À la Maison Européenne de la Photographie, SCRATCHES est une installation murale de 25 tableaux photographiques, format 114×89 cm, répartis sur les murs peints respectivement dans une couleur de la signalétique urbaine.

Dominique Auerbacher

Autour de l’exposition

Visites : Des visites commentées de l’exposition sont proposées
• Pour les enseignants, le mercredi 11 avril à 14h30, sur réservation.
• Pour les groupes scolaires (écoles maternelles et élémentaires), les mardis, jeudis et vendredis à 10h et 14h30, sur réservation.
• Pour les groupes périscolaires (centres de loisirs), les mercredis à 10h et 14h30 et les vacances scolaires.
• Pour les groupes scolaires (à partir du collège), du mercredi au dimanche de 11h à 20h, sur réservation.
• Pour les groupes d’adultes, du mercredi au dimanche de 11h à 20h, sur réservation.
• Pour les abonnés et les individuels, le jeudi 3 mai à 18h et le samedi 26 mai à 15h, sur réservation.
Pour plus d’informations, reportez-vous à la rubrique “Les visites et conférences”.

Image en une : © Dominique Auerbacher