Paul Thorel

Paul Thorel

Galeries

La MEP

Les photographies énigmatiques de Paul Thorel portent en elles les traces de l’une des innovations technologiques les plus influentes du XXe siècle, la télévision. Mais c’est plus précisément l’image brouillée, la neige cathodique ou les distorsions accidentelles que causait la mauvaise réception du signal audiovisuel sur l’écran de télévision familial qui ont (dé)formé le regard de l’artiste. Ce rapport fasciné à l’altération de l’image va le conduire à être l’un des tous premiers artistes européens à explorer les technologies digitales dans le champ de la photographie dès le début des années 1980.

Une autre composante s’impose dans toutes ses œuvres : la figure humaine. Qu’il s’agisse d’un visage ou d’un corps, la présence humaine semble traverser les représentations les plus abstraites au premier abord. Il faut dès lors “envisager” que derrière chaque paysage à l’épure toute minimaliste vibre l’expression d’un portrait, soupçonner que les compositions botaniques abstraites contiennent un agencement de plusieurs visages, déchiffrer l’image fossile de lointaines étoiles pour qu’apparaisse soudain le contour d’une foule d’hommes en prière. Pour faciliter cette apparition, la mise à distance de l’image est souvent requise ; elle permet de laisser affleurer le visage ou la silhouette qu’une trop grande proximité physique avec l’œuvre ne permettait pas de saisir. Le regard mobile du spectateur vis à vis de l’image, entre proximité et éloignement, cette vibration de la ligne, entre mouvement et fixité, ce clignotement entre le proche et le lointain, l’ombre et la lumière, la (dé)figuration et l’abstraction ne laissent jamais l’œil au repos.

L’image photographique, entre affleurement et dissolution, semble agir comme un mantra, berçant notre regard dans une sorte de stase visuelle, de boucle rythmique, toute en répétitions et variations créant les conditions de possibilité d’un état véritablement méditatif.

Commissaire : Jean-Luc Soret

Image en une : Apparizione laterale, n°8, 2011 © Paul Thorel