Le miroir est, dès la Renaissance, un élément à part entière de la représentation permettant aux peintres de s’interroger sur leur art. Objet optique, il interroge le pouvoir mimétique de la peinture et ouvre la perception de l’espace en rendant visible ce qui est présent dans le hors-champ de l’image. Il délimite des cadres dans l’espace de la représentation, complète ainsi la scène et fragmente l’image.
L’atelier proposait de jouer avec l’image formée par réflexion du miroir, en l’intégrant dans le cadrage photographique pour dédoubler la représentation, complexifier la composition de l’image produite et donner une nouvelle vision.
En introduction à l’atelier, il a été présenté aux adolescents un court historique de l’invention et de l’usage du miroir ainsi qu’une sélection d’œuvres. Certaines d’entre elles intègrent le miroir comme élément pictural dans la figuration (Le Caravage, Jan van Dyck, Diego Vélasquez, Édouard Manet, Pablo Picasso, René Magritte, etc.) ; d’autres l’intègrent comme objet constitutif de l’œuvre (Michelangelo Pistoletto, Jacques Monory, Anish Kapoor, etc.). Dans le déroulé du stage, une sélection d’œuvres photographiques a également été montrée, dans lesquelles le miroir est utilisé pour la construction d’un autoportrait (Ilse Bing, Florence Henri, Lee Friedlander, Vivian Maier, Denis Roche, Dieter Appelt, Nan Goldin, etc.), pour créer un trouble dans la perception de l’espace (Valérie Belin, Li Wei, etc.) ou de l’image reflétée (André Kertész, Alain Fleischer, Mac Adams, etc.). Ils ont également pu découvrir le travail d’auteur de Guillaume Pallat, avec la présentation de plusieurs séries photographiques : Les Passants (2000), 120 secondes (2000-2007), Blue Light (2009), Bidonville avec vue (2006-2015).
Pour commencer, ils ont positionné dans un environnement extérieur des miroirs de différents formats en recherchant un emplacement permettant de jouer de la dualité champ/hors-champ, par opposition ou par intégration des éléments visibles sur l’image. Ils ont aussi recherché un point de vue adapté pour ne pas être visible dans le reflet du miroir. La pluie leur a permis de découvrir des effets esthétiques inattendus !
Puis, ils ont imaginé de nouvelles associations visuelles en tenant le miroir à la main, incluant ainsi leur présence corporelle par fragment.
Au jardin des Tuileries, ils ont recherché des postures qui prolongent les poses des sculptures par leur reflet dans le miroir. En interaction avec les statues, ils ont joué avec humour sur les décalages d’action, de genre, de temporalité.
Enfin, ils ont utilisé des objets avec une surface réfléchissante pour produire une double lecture par la représentation de l’objet même et sa relation avec l’image reflétée.
Après chaque séance de prise de vue, chacun d’entre eux a édité une planche contact et sélectionné quelques images, en vue de constituer un leporello de huit tirages photographiques.
Ce stage-atelier a été conçu et animé par Guillaume Pallat et Ghyslaine Badezet.
Avec la participation de : Anna (13 ans), Clara (13 ans), Elina (13 ans), Florent (11 ans), Gabriel (13 ans), Julien (14 ans), Noé (14 ans), Samuele (14 ans), Victoria (9 ans), Victoire (12 ans).
Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels de la Cambre (Bruxelles), Guillaume PALLAT affûte les regards depuis 1992 au cours de nombreux workshops et d’ateliers de pratique artistique (photographie, sténopé, stop motion, vidéo) en France et à l’étranger. En parallèle, il poursuit un travail de réflexion sur la photographie en abordant le paysage urbain par la technique du sténopé (« 12 secondes »). Il a mené ce travail d’autopsie de la ville en Afrique, en Inde, au Mexique et aux États-Unis.
En partenariat avec Négatif+ pour la réalisation des tirages.
____________________
Avec le soutien de
Les actions pédagogiques de la Maison Européenne de la Photographie à destination du jeune public bénéficient du soutien de la Fondation d’entreprise Neuflize OBC.
En partenariat média avec