Diana Michener

Diana Michener
Figure studies

Dans ses photographies grand format, prises depuis une dizaine d’années, Diana Michener explore l’aspect sombre de l’amour. Bien qu’elles soient incontestablement figuratives, ses images se situent aux frontières de l’abstraction.

Galeries

« Dans l’obscurité la plus profonde, il est impossible de savoir quel est notre degré de sécurité et quels objets nous entourent… » Edmund Burke

Les photographies en noir et blanc de Diana Michener sont intentionnellement ambiguës, et même empreintes d’une certaine violence : ces couples enlacés sont-ils en train de faire l’amour ou sur le point de mourir, submergés sous l’eau ou flottant dans l’espace ? L’artiste s’approprie l’étude de nu, questionnée par les peintres depuis des siècles, au profit du flou, du grain, du bougé et du grand angle, pour que ses prises de vue sensuelles évoquent également un sentiment d’angoisse, et parfois de menace.

 Je sais que je regarde des choses que beaucoup n’ont jamais regardées, que je dévoile des images que d’autres n’ont peut-être jamais vues, mais je ne le fais pas pour choquer ou pour heurter, simplement pour illuminer. Je souhaite éclairer la condition humaine, son mystère et sa beauté. Je pense que mon oeuvre se lie à l’émerveillement – à mon enchantement devant cette capacité étonnante de survie qu’a l’organisme humain. Je suis vraiment émue par cette férocité

Diana Michener est connue pour sa façon de documenter avec délicatesse des sujets difficiles, s’interrogeant souvent sur la mort. Ses séries photographiques, commencées au début les années 1980, représentent des images luxuriantes, éthérées et envoûtantes. Parmi ses sujets on trouve des têtes de vaches, photographiées à l’instant même où elles sont abattues (Heads, 1985-1986), dont elle traduit la dignité mythique ; ainsi que des images troublantes de morts nés malformés dans des bocaux en verre (Foetus, 1987- 1988) ou de cadavres au moment de l’autopsie (Corpus, 1993-1994), étrangement sereins. Elle a également photographié des autoportraits (Morning after Morning, 1994, et Solitaire, 1997), des lutteurs qui s’affrontent (The Wrestlers, 2000-2001), et des flammes consommant des maisons, des statues ou des mannequins (Dogs, Fires, Me, 2004-2005), qui deviennent entre ses mains de moments réels de grâce.

Dans les photographies de Diana Michener, des éléments symboliques créent des récits intemporels pour explorer des thèmes complexes tels que la mortalité, l’identité, la cruauté, la sérénité ou le ravissement. Ses images, comme de signifiants contemplatifs qui brouillent la distinction entre l’éphémère et l’éternel, engagent le spectateur dans un processus d’introspection bouleversant.

Image en une : © Diana Michener