PROJECTIONS DU JEUDI

PROJECTIONS DU JEUDI
La sixième génération du cinéma chinois

Dans le cadre des nocturnes du jeudi à la MEP, un cycle spécial de projections est proposé un jeudi sur deux dès 18h à l’auditorium. L’occasion de découvrir la sixième génération du cinéma chinois, marquée par la fin du romantisme et la désorientation.

La MEP

Cette programmation s’inscrit dans le prolongement des expositions dédiées à l’artiste chinois Ren Hang et à Coco Capitán, qui entretient des liens personnels avec la Chine.

Les films de ce cycle s’ancrent dans une réalité chinoise très actuelle. La sixième génération de cinéastes, selon la classification de l’institut du cinéma de Pékin, se caractérise par la recherche d’une liberté de filmer et de choisir des sujets parfois interdits.

Aujourd’hui les réalisateurs sont davantage influencés par les mutations de la Chine, souvent vécues comme anxiogènes. Qu’ils s’attachent à la quête de soi dans une société aux mœurs très contraintes, à la perte de sens et à l’isolement dans les mégalopoles, ou encore à l’aliénation mentale, leurs sujets sont libérés d’un certain romantisme. Chacun de ces films est extrait de cette production foisonnante, et représente l’œuvre de créateurs emblématiques : Jia Zhang-Ke, Lou Ye, Wang Bing, Bi Gan et Hu Bo.

HORAIRES

Jeudi 14 mars à 18 h :
24 City, réali Jia Zhang-Ke, 1h52, 2008

Jeudi 28 mars à 18h :
Nuits d’Ivresse printanière, réal Lou Ye, 1h47, 2009

Jeudi 11 avril à 18h :
Kaili Blues, réal Bi Gan, 1h53, 2016

Jeudi 25 avril à 18h :
An Elephant Sitting Still, réal Hu Bo, 3h54, 2018

Jeudi 9 mai à 18h :
A la folie, réal Wang Bing, 3h47 – 2013

PROGRAMME DÉTAILLÉ

24 City, 2008
Réalisation : Jia Zhang-Ke
Durée : 1h52
Projection 35mm
Avec Jianbin Chen, Joan Chen, Liping Lü
Jeudi 14 mars à 18 h

Chengdu, aujourd’hui. L’usine 420 et sa cité ouvrière modèle disparaissent pour laisser place à un complexe d’appartements de luxe : « 24 City ». 
Trois générations, huit personnages : anciens ouvriers, nouveaux riches chinois, entre nostalgie du socialisme passé pour les anciens et désir de réussite pour les jeunes, leur histoire est l’Histoire de la Chine.

The filming of “The Legend of 24 City” by Jia Zhangke. Chengdu, China.

 

Nuits d’Ivresse printanière, 2009
Réalisation : Lou Ye
Durée : 1h47
Projection 35mm
Avec Hao Qin, Tan Zhuo, Wei Wu
Jeudi 28 mars à 18h

Nankin, de nos jours, au printemps. La femme de Wang Ping le soupçonne d’infidélité. Elle engage Luo Haitao pour l’espionner et découvre ainsi l’amour que son mari porte à un homme, Jiang Cheng. C’est avec lui que Luo Haitao et Li Jing, sa petite amie, se jettent alors à corps perdu dans une folle équipée amoureuse. C’est pour tous trois le début de nuits d’ivresse suffocantes, qui égarent l’esprit et exaltent les sens. Un sulfureux voyage aux confins de la jalousie et de l’obsession amoureuse.

Nuits d’Ivresse printanière

 

Kaili Blues, 2016
Réalisation : Bi Gan
Durée : 1h53
Avec Yongzhong Chen, Yue Guo, Feiyang Luo, Linyan Liu, Lixun Xie, Zhuohua Yang, Daqing Zhao, Shixue Yu
Jeudi 11 avril à 18h

Kaili Blues est le premier long-métrage de Bi Gan, qui réalisera par la suite Un grand voyage vers la nuit. Chen est médecin dans une petite clinique de Kaili, ville brumeuse et humide de la province subtropicale du Guizhou. Il a perdu sa femme lorsqu’il était en prison pour avoir servi dans les triades. Aujourd’hui, il s’occupe de Weiwei, son neveu, qu’il aimerait adopter. Lorsqu’il apprend que son frère a vendu Weiwei, Chen décide de partir à sa recherche. Sur la route, il traverse un village étrange nommé Dangmai, où le temps n’est plus linéaire. Là, il retrouve des fantômes du passé et aperçoit son futur… Il est difficile de savoir si ce monde est le produit de sa mémoire, ou s’il fait simplement partie du rêve de ce monde.

Kaili Blues

 

An Elephant Sitting Still, 2018
Réalisation : Hu Bo
Durée : 3h54
Avec Yuchang Peng, Yu Zhang, Wang Yuwen
Jeudi 25 avril à 18h

Au nord de la Chine, une ville vaste et pourtant vide comme les autres. En construction perpétuelle, baignée par le brouillard, elle semble exister uniquement afin de piéger ses habitants qui survivent peu à l’aise entre ses murs. Un matin, une simple altercation à l’école dégénère et fait s’entrechoquer quatre destinées qui jusqu’alors ne faisaient que s’ignorer. La carapace de tout un chacun va se briser sous le poids de la honte et de la peur. Pour tous ceux que la mort hante progressivement, la ville de Manzhouli, où l’on dit qu’un éléphant resterait simplement assis, méprisant le monde qui l’entoure, devient une obsession. Si An Elephant Sitting Still est un film choral, alors il chante sans manières la complainte la plus sombre de la Chine contemporaine. Le temps d’une simple journée, mais qui semble pourtant s’étirer à l’infini, Hu Bo dévoile l’omniprésence d’une violence stratifiée qui se goinfre de leurs espoirs pour mieux les asservir. Ballade hypnotique, parfois rock, l’expérience An Elephant Sitting Still nous étouffe pour mieux nous fasciner. Dans la durée, à même les gravats, à l’ombre des silences, nous sommes, aux côtés des acteurs, prisonniers d’un espace sans échappatoire, lointain mais terriblement proche à la fois. An Elephant Sitting Still est l’unique long métrage du jeune écrivain Hu Bo, ce dernier s’étant suicidé en octobre 2017.

An Elephant Sitting Still

 

À la folie, 2013
Réalisation Wang Bing
Durée : 3h47
Jeudi 9 mai à 18h

Wang Bing nous plonge dans la « folie » de la Chine contemporaine. Un hôpital psychiatrique du sud-ouest de la Chine. Une cinquantaine d’hommes vivent enfermés traînant leur mal-être du balcon circulaire grillagé à leur chambre collective. Ces malades, déviants ou opposants, éprouvent au quotidien leur résistance physique et mentale à la violence d’une liberté restreinte.
« L’immersion dans un asile de fous de la pauvre province chinoise du Yunnan : À la folie est littéralement un film de dingues réalisé par un cinéaste fantôme, une œuvre colossale, hors-norme et inédite à bien des niveaux, qui n’a même pas conscience de l’être. » Christophe Beney

À la folie
Image en une : The filming of “The Legend of 24 City” by Jia Zhangke. Chengdu, China.