Marianne Rosenstiehl

Marianne Rosenstiehl
The Curse (La malédiction)

Intriguée depuis mon adolescence par l’invisibilité des règles, je me suis penchée en tant que photographe sur la représentation de ce phénomène physiologique qui participe de la vie intime de la moitié du genre humain.

Le sang des femmes répugne, effraie, fascine, émeut.
Il a fait l’objet de multiples superstitions, légendes et fantasmes, dans toutes les civilisations, façonnant nos représentations sociales et intimes.

Quelles traces de ces croyances sont encore apparentes dans notre quotidien, dans les liens entre hommes et femmes ?
La littérature et des travaux dans des disciplines variées, ont exploré le sujet.
Rares sont les représentations visuelles.

« J’ai vu », disent certaines femmes pour désigner l’apparition de leurs règles.
Mais le « voir » n’est-il pas justement révélation de ce qui est caché ?
La tache qui trahit a-t-elle toujours la couleur de la honte, de la souillure ?
Le texte du Lévitique contient les injonctions d’une loi qui scellera pour des siècles la notion de l’impureté du sang menstruel dans les sociétés judéo-chrétiennes et musulmanes.
« La femme qui aura un flux, un flux de sang en sa chair, restera sept jours dans son impureté.
Quiconque la touchera sera impur jusqu’au soir. »
J’aborde paisiblement par la photographie l’observation d’un tabou, de façon frontale ou décalée.
L’intimité féminine, la relation amoureuse, la ménopause, la quête éperdue du féminin chez certains transsexuels, le langage (la lexicologie extravagante dont on fait usage dans toutes les langues pour ne pas le dire).
Consciente de la difficulté à penser ce sujet pour certains, je ne milite pas pour un passage en force mais plutôt dans l’espoir d’une réconciliation.

Marianne Rosenstiehl

Image en une : Marianne Rosenstiehl, Les limaces, de la série The Curse, 2014 ©Marianne Rosenstiehl,