Miki Nitadori

Miki Nitadori
Odyssey

Peut être parce que je suis une japonaise installée en France, je me suis naturellement intéressée à l’immigration japonaise à Hawaï, commencée à la fin du 19ème siècle.

Dernièrement, j’ai travaillé sur les Japonais-Américains, et plus particulièrement sur les nouvelles générations multiculturelles à Maui, Hawaï, où j’ai passé mon enfance.

Odyssey, mon dernier travail, est né de la découverte d’une valise pleine de photos, jetées par une famille américano-japonaise à Lahaina. Pendant des années, j’ai regardé ces photos, j’en ai utilisé des fragments dans mon travail, sans vraiment savoir quoi en faire. Ce n’est qu’en 2013, lorsque j’ai été invitée à exposer au Maui Arts and Cultural Center et au Honolulu Museum of Art, que j’ai compris: tout se passait comme si ces photographies avaient besoin de retourner chez elles, là d’où elles venaient. Leur odyssée était en soi porteuse d’un message, adressé des générations passées à la jeunesse d’aujourd’hui: N’oubliez pas vos ancêtres. N’oubliez pas d’où vous venez.

Je souhaite apporter un nouvel éclairage sur des photos que l’on dit ordinaires, laissées pour compte dans un coin sombre de chaque foyer, et réévaluer ainsi leur dimension patrimoniale et culturelle.

Basé sur des photographies datant du début du 19e siècle jusqu’aux années 1950, Odyssey répond à un protocole plastique très précis : après avoir scanné et agrandi ces images, je les transfère manuellement sur des tissus imprimés figurant selon moi la pluralité des modèles culturels, traditionnels et symboliques. La superposition des photographies et du motif du tissu instaure alors un dialogue fictionnel entre l’individu et sa communauté de vie ou d’adoption. Autant de pièces uniques répondant à une méthodologie singulière qui, dans la lenteur et l’endurance physique qu’elle suppose, rejoint l’exigence de tout exercice de mémoire.

Commissariat : Catherine et André Hug

Image en une : Miki Nitadori, Young Man , de la série Odyssey , 2013 ©Miki Nitadori