Orlan

Orlan
Self-hybridations

Le numérique n'est pour moi qu'une manière différente de construire les images. Le résultat final est de toute manière une photo agrandie ou éventuellement une boîte lumineuse, le travail prenant par ailleurs des formes variées dessins réalisés avec mes doigts et mon sang pendant mes opérations chirurgicales, reliquaires contenant ma chair etc.

Galeries

La MEP

” Je n’ai jamais accordé de place prééminente à la technique, mais mon travail a toujours été très multimédia. Artiste interdisciplinaire, trans-disciplinaire et, à plusieurs reprises, mon travail est passé par les nouvelles technologies comme les installations vidéos, les systèmes de transmission par satellite. En ce qui concerne l’image numérique, j’avais déjà travaillé avec un logiciel de morphing, lors de ma 7e opération chirurgicale, pour une grande pièce “Omniprésence” dans laquelle se confrontaient photos numériques et photos traditionnelles. Je ne suis pas fascinée par la technique mais plus intéressée par tous les moyens de l’époque. Je ne me considère pas comme une artiste du “Numérique” mais il arrive que mon travail passe par là.

Le numérique n’est pour moi qu’une manière différente de construire les images. Le résultat final est de toute manière une photo agrandie ou éventuellement une boîte lumineuse, le travail prenant par ailleurs des formes variées dessins réalisés avec mes doigts et mon sang pendant mes opérations chirurgicales, reliquaires contenant ma chair etc.

D’aucun pourrait penser qu’avec l’utilisation du numérique je me préserve, mais selon moi, le virtuel n’a jamais annihilé le réel qui n’est pas le contraire du virtuel. J’utilise l’un ou l’autre séparément ou en même temps.

Mon rôle, en tant qu’artiste, est de détourner ces outils, de les utiliser autrement ou de les réfléchir, les attracter dans une pensée, une démarche. Je ne cherche pas la meilleure qualité, la meilleure définition, la meilleure ressemblance. Je n’ai pas de demande singulière et précise par rapport au numérique et aux éditeurs de logiciels. J’essaie de les maîtriser sans être réduite à leur simple utilisation. Bien qu’effectivement, utiliser les nouvelles technologies n’est pas innocent et implique un certain nombre de contraintes. Lorsqu’on utilise un logiciel comme Photoshop, il y a forcément une sorte d’empreinte qui est donnée à la réalisation. Il s’agit donc d’effacer l’outil, en prenant ses distances comme pour contrôler le Iogiciel et le mettre en contrepoids avec d’autres éléments visuels.

J’utilise Acrobat, Photoshop mais aussi un logiciel de morphing. Je travaille avec l’aide technique de Pierre Zovilé, basé à Montréal. Nous communiquons par e-mail, Je choisis les sculptures et les photos à exploiter et, par Internet, nous échangeons les étapes des images réalisées jusqu’au document final, lorsque je décide qu’il n’y a plus de modification à apporter. ”

Orlan

Note biographique :
Orlan est née en 1947 à Saint-Étienne. Elle fait ses premières performances à l’âge de 17 ans. En 1978, c’est sa première performance chirurgicale. En 1982, elle fonde la première revue d’art contemporain on line, à l’époque sur Minitel, Art-Acces. Depuis 1990 durant ses opérations (neuf à ce jour) le bloc opératoire devient son atelier d’artiste (dessins au sang, reliquaires, textes, photos, vidéos, films…). Actuellement, Orlan entreprend une sorte de tour du monde des standards de la beauté en vogue dans d’autres civilisations et époques. Ce travail commencera à Mexico par les civilisations précolombiennes, entre autres Orlan teste sur son image, les déformations du crâne chez les Mayas et les Olmèques, le strabisme, les nez postiches portés par les dignitaires Mayas, etc…

Ses ” Self-hybridations ” proposent pour des corps mutants de nouveaux critères de beauté en dehors des normes actuelles.

Orlan est lauréate du prix Arcimboldo décerné durant le Mois de la Photo 1998 par les Gens d’Images avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hewlett-Packard France et Pictorial Service (Pico).
http://www.prix-arcimboldo.com