C’est sur les routes d’Afrique de l’Ouest, de 2013 à 2016 que je les ai rencontrés. Equipés pour la plupart de vieux argentiques des anne´es 70/80, ces photographes connaissent des difficultés, à l’heure où le numérique prend le dessus. Sans formation solide, ils ont tout appris sur le terrain ou par le bouche à oreille, et le résultat sur leurs photos s’en ressent : image écrasée par le flash frontal, cadrage peu soigné, la mise au point qui n’est pas toujours au rendez- vous… En Afrique il n’y a pas encore de culture artistique en photographie, ce que les gens veulent, c’est du souvenir. De plus, les coûts matériel augmentent (pellicules, frais de labos, location du studio…), et la population n’a pas toujours les moyens de payer, une fois les impressions terminées. Que se passera-t-il quand toute la population sera équipée et sera à même de prendre des photos au rendu égal, voir supérieur à celles des photographes ? Témoin de ce virage dans leur profession et me sentant entre deux pages de l’histoire de la photographie en Afrique, j’ai souhaité les immortaliser avec leur troisie`me oeil, a` l’inte´rieur des studios et sur le terrain. Pour ainsi témoigner des réalités de leur métier, et conserver une trace d’une époque presque révolue.