Gerda Taro a longtemps été la grande oubliée du photo reportage. Dans les milieux de la photo et
dans ceux liés aux recherches sur la Guerre d’Espagne, elle est surtout connue comme la
compagne de Robert Capa, morte écrasée par un char sur le front de Brunete alors qu’elle n’avait
que vingt-sept ans. C’est la première femme photo-reporter tuée au combat. Ses photos pour les
journaux français de l’époque : Regards, Vu et Ce Soir, sont signées pour la plupart Capa et Taro.
Après sa mort, elles portent le copyright Robert Capa. Pendant une cinquantaine d’années, elles
restent oubliées dans les archives du fonds Capa et de l’International Center of Photography de
New York, dirigé par le jeune frère de Capa, Cornell Capa. Ce n’est qu’au milieu des années quatrevingt
dix que le travail de recherche d’une allemande, Irme Schaber, les tire de l’oubli en même
temps que leur auteur, Gerda Taro.
Figure emblématique du courage, de la liberté, de la beauté, il n’est pas étonnant que sa
personnalité ait séduit François Maspero qui lui rend ici un magnifique hommage où se mêlent
données biographiques et essai sur les milieux intellectuels, politiques et artistiques des années
trente. Le livre aboutit en fait à une réflexion sur le rôle du photo-reportage dans le changement de
l’information. En effet, ce que souligne Maspero à travers les figures ô combien séduisantes de
Gerda Taro et de Robert Capa, c’est que l’utilisation du Leica et du Rolleiflex et de la
télétransmission a permis de saisir l’actualité sur le vif.