- Anthologie
Zachmann – Patrick Zachmann , Photo Poche No 121
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Nul ne doute plus aujourd’hui de la complexité des liens qu’entretient l’acte photographique avec les notions de mémoire et d’identité. Cette complexité est au coeur de la problématique du photographe Patrick Zachmann ; elle en est même, d’une certaine manière, le fondement : ” Je suis devenu photographe parce que je n’ai pas de mémoire. La photographie me permet de reconstituer les albums de famille que je n’ai jamais eus “, écrit-il, affirmant ainsi la dimension introspective de son travail. Sans doute également Patrick Zachmann a-t-il compris très tôt que la question des communautés – et, partant, celle du danger du repli communautaire – constituerait l’enjeu sociologique majeur du XXIe siècle naissant. Dès 1980, il enquête pendant de longues années sur l’identité de la communauté juive française dont il est issu ; il en résulte un livre décisif : Enquête d’identité. A travers ses grands reportages, parmi lesquels ses travaux sur la mafia napolitaine (1982), les jeunes immigrés marseillais (1985), le Printemps de Pékin (1989) – dont les images seront publiées dans le monde entier -, le Rwanda (2000), il approche la réalité des grandes diasporas.
Comprendre, interroger, documenter la vie et la culture des communautés migrantes ou déplacées dictent le travail de Zachmann. On pense à sa longue fréquentation des diasporas chinoises ou maliennes qu’il suit et accompagne de manière approfondie, s’attachant par la photographie ou le documentaire à montrer l’ici (le pays d’accueil) et le là-bas (la terre natale). Cette pratique de l’immersion, de la proximité inquiète des êtres rencontrés, donne à ses travaux une profondeur particulière que l’on retrouve aussi dans son exploration des traces et séquelles du Chili noir de Pinochet.
Plus récemment, il choisit de privilégier la couleur pour son travail Un jour, la nuit, ode poétique aux vibrations nocturnes et intimistes des grandes villes du monde.
Né en 1955 à Paris, Patrick Zachmann dit être devenu photographe parce qu’il n’a pas de mémoire. Aussi affirme-t-il la rechercher en reconstituant les albums de la famille qu’il n’a pas eue. Photojournaliste et réalisateur, il développe une œuvre qui traite de façon récurrente des questions d’identité, de la mémoire et de l’immigration de différentes communautés. Il travaille, de 1982 à 1984, sur l’insertion des jeunes immigrés dans les quartiers nord de Marseille. En 1983, il publie son premier livre, Madonna?!, plongée dans la violence de la mafia napolitaine. Deux ans plus tard, il intègre l’agence Magnum. Plus proche de sa propre histoire, l’ouvrage Enquête d’identité. Un juif à la recherche de sa mémoire (1987) est le fruit d’une recherche longue de sept ans. En 1989, son reportage sur les événements de la place Tian’anmen, largement diffusé dans le monde, marque le début de son travail sur la diaspora chinoise. « Photographe de ce qui ne peut pas être dit », plus que photographe de l’action, il ne recule pas devant de longues investigations pour dire l’indicible. Aussi faudra-t-il attendre 1995 pour voir la publication de W. ou l’œil d’un long-nez, sur l’immigration chinoise. Ses films abordent les mêmes thèmes, tel son premier long-métrage Allers-retour. Journal d’un photographe (2002), qui évoquait la disparition des traces de la mémoire. Il a reçu de nombreuses distinctions, dont le prix Niépce en 1989.
Collection Photo Poche