Anders Petersen s’est fait connaître en publiant en 1978 chez Schirmer/Mosel (puis l’année suivante aux éditions Contrejour), un livre désormais culte : Café Lehmitz. Dans une vision documentaire investie et pleine d’empathie, il y narrait la vie claudicante des habitués d’un café d’Hambourg sous la forme d’un huis clos photographique en noir en blanc. Élève du suédois Christer Stromholm, Anders Petersen n’a cessé depuis lors de consacrer sa vie à une pratique existentialiste de la photographie où l’expérience compte plus que la composition (à l’instar notamment d’Ed Van der Elsken, Daïdo Moriyama et/ou Antoine d’Agata dont il est un des maîtres). En cela, City Diary #1/ #2/ #3, trilogie publiée cette année par Steidl, ne déroge pas à la règle. Sous la forme de trois cahiers A4 simplement brochés et réunis dans une enveloppe cartonnée, cet ouvrage donne à voir (et à ressentir) toute la puissante émotive du style de Petersen. Dans une mise en page radicale (bord à bord), et sans aucun autre prétexte thématique ou géographique que le propre “stream of consciousness” de l’artiste, cet ouvrage réuni un florilège de snapshots (le plus souvent réalisés au flash) qui forment une sorte de kaléidoscope où s’entrechoquent les éclats d’un monde fracassé et sexué. La magnifique impression charbonneuse sur papier mat atténue quelque peu les contrastes et les outrances de cette vision de l’existence qui témoigne avec vigueur et sans complaisance de la fragilité de la condition humaine.
Nicolas Comment
Ouvrages à retrouver à la Bibliothèque :
- Anders Petersen, City Diary #1/ #2/ #3, Steidl, Göttingen (D), 2012 : [M 2012 PET] – [M 2012 PET.1] – [M 2012 PET.2]