NOIR, Philippe Favier

En marge de l’exposition NOIR… de Philippe Favier, à la librairie de la MEP.

Le titre et son graphisme résument le livre tout entier. Le noir est blanc, le O dédoublé évoque immédiatement le double objectif du fameux Rolleiflex, l’œillet métallique la fixation des photos sur les vieux documents d’identité. Philippe Favier entretient un vrai rapport avec la photographie, mais un rapport dévoyé. Adolescent, il a pratiqué la photographie avant de fréquenter les Beaux-Arts à Saint-Etienne. S’estimant médiocre photographe, mal à l’aise dans l’enfermement de la chambre noire, il s’écarte de la photographie. Bien que s’affirmant de moins en moins photographe, il procède à une sorte de retour paradoxal à la photographie faisant d’images trouvées le matériau d’œuvres reproduites photographiquement dans un livre.

Les références de Philippe Favier sont avant tout cinématographiques et sa vision du monde est marquée par le souci du cadrage, tout passe par l’ œilleton : « Ce n’est pas parce que les éléments d’une œuvre semblent éclatés dans l’espace qu’il n’y a pas de cadrage. » Les mots qu’il ajoute sont des éléments graphiques destinés à équilibrer les compositions.

La gravure a fait partie de ses nombreuses pratiques, il y a renoncé au bénéfice du photogramme pour produire des multiples issus de la peinture.

Se rendant à la brocante ou aux puces, comme un chef se rend au marché pour réunir les ingrédients de sa cuisine, il récolte vieilles cartes, catalogues, photographies, albums de famille sans savoir par avance ce qu’il en fera, mais avec l’intuition qu’il s’en servira et qu’il réinvestira ces objets.

Le livre peut nous convaincre de la capacité magique qu’auraient les artistes de réinsuffler la vie, de redonner du sens ou de relancer l’histoire d’objets voués à disparaître.