Johan Van Der Keuken

A l’occasion du partenariat avec le festival « l’europe autour de l’europe » ayant pour thème lumière et obscurité, la vidéothèque vous propose de redécouvrir deux documentaires emblématiques de l’oeuvre de Johan Van Der Keuken.

A l’occasion du partenariat avec le festival “L’Europe autour de l’Europe” ayant pour thème lumière et obscurité, la vidéothèque vous propose de redécouvrir deux documentaires emblématiques de l’oeuvre de Johan Van Der Keuken.

L’enfant aveugle, 1964, 25 minutes
Herman Slobbe, l’enfant aveugle II, 1966, 26 minutes
Production, image, son, montage : Johan Van Der Keuken

En réalisant L’enfant aveugle en 1964, puis Herman Slobbe, l’enfant aveugle, en 1966, le réalisateur néerlandais Johan Van Der Keuken pose un acte de naissance fort, celui d’une certaine façon de filmer le réel, déplaçant les limites du film de création, du film expérimental, du documentaire.

Une façon qui laisse une grande part à l’image, au rythme du montage, et au pouvoir d’évocation, une part qui se développe libérée des pesenteurs de « l’argument » , du scénario, du commentaire.

Ces films, parmi ses premiers, sont centrés autour de la perception du monde par des enfants non voyants. Johan Van Der Keuken a passé deux mois à l’institut royal des aveugles de Huizen, aux Pays-Bas.

Ici il ne s’agit aucunement d’apprendre des détails sur la vie matérielle ou l’organisation de l’institut, mais c’est sur le regard lui-même que l’on apprend, sur la perception sensorielle du monde par les non voyants. Le film nous fait ressentir au plus près une réalité immatérielle, par la parole recueillie, par le montage, par la musique.

Par delà encore, Johan Van Der Keuken interroge les difficultés du rapport au réel en général, et le rapport cinématographique que lui-même entretient au monde.

« Van Der Keuken considère le cinéma sous trois aspects: comme un instrument de musique qui lui permet d’improviser et de jouer sa partie, comme un match de boxe où le geste est frontal, rapide, improvisé, comme une caresse enfin, qui effleure une surface » *

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Avant tout discours il faut donc surtout ressentir ces films, qui sont à la fois un langage, “l’art corporel” d’un homme qui vivait avec sa caméra, et une musique improvisée.

Une musique empreinte de beauté, comme dans ces plans où de jeunes aveugles courent lors d’une séance de sport, uniquement guidés par la voix de leur moniteur.

Filmés au ralenti, ce que ces corps évoquent de l’enfance, de la fragilité, de la confiance et de la condition humaine, touche au sublime.

Emmanuel Bacquet

 

 

Dans le catalogue, une recherche simple des seuls mots “enfant aveugle” (au singulier) donne accès aux deux films.

Une recherche avancée par réalisateur “Van Der Keuken” vous permettra de visionner la quasi-intégralité de sa filmographie à la vidéothèque de la MEP.

 

* Modernité et documentaires: Une mise en cause de la représentation, Marie-Jo Pierron Moinel, L’Harmattan, 2010