Le dispositif monumental de 26 « regards » d’anonymes, exposés dès le 6 novembre, est visible dans les stations Bir-Hakeim, Châtelet, Gare de Lyon, Hôtel de Ville, La Chapelle, Luxembourg, Madeleine, Nanterre-Université, Pyramides, Saint-Denis Porte de Paris et Saint-Michel.
En choisissant d’installer ses « regards » imposants dans un lieu de passage comme les transports en commun, JR souhaite interpeller les voyageurs sur l’identité de ceux qui les observent et l’interaction qu’ils peuvent avoir avec eux. Intitulée « Voyager avec d’autres », l’œuvre se comprend comme une invitation à réfléchir et repenser la nature des rencontres que nous faisons quotidiennement avec l’Autre, dans le métro ou le RER, chargés de nos rêves, de nos attentes, mais aussi parfois des craintes que nous portons en nous.
Pour prolonger cette rencontre, l’artiste a prévu de faire évoluer plusieurs fois son œuvre au fil des semaines : JR redescendra alors dans les espaces de la RATP pour capter les réactions et mettre en abîme l’histoire qui se jouera entre les voyageurs et ceux qui les regardent. Comme un jeu de miroir, ces premiers deviendront à leur tour les modèles à observer.
TROIS QUESTIONS À JR
En quoi est-ce particulier pour vous d’exposer votre œuvre dans un espace comme le métro ?
C’est un retour aux sources. J’ai commencé à prendre des photos avec un appareil photo trouvé dans le métro, puis j’ai suivi des artistes qui travaillaient dans ce monde souterrain. Revenir dans le métro, exposer sur les quais, c’est l’occasion de présenter mon travail à des gens qui n’ont rien demandé, qui ne se sont pas déplacés dans une galerie ou un musée, mais qui se rendent simplement au travail ou vont voir des amis. C’est conforme à ma vision de l’art qui doit aller à la rencontre des gens.
Avez-vous pensé différemment cette œuvre destinée au métro ?
J’essaye de penser différemment toutes les œuvres en fonction du contexte et du lieu. Le métro est un des rares espaces de brassage où toutes les catégories sociales se retrouvent, où les enfants et les personnes âgées se côtoient, où les banlieusards et les Parisiens se croisent. J’ai voulu interpeller les voyageurs avec un regard, et en même temps les rendre acteurs de mon projet en les représentant dans mes images.
Que représente pour vous, qui avez vécu en banlieue parisienne, cette collaboration avec la RATP ?
Quand on a vécu en banlieue, le train et le métro sont les seuls moyens de transports. Il y a des stations qui évoquent des souvenirs, des trajets que vous avez effectués des centaines de fois, et qui vous font penser que vous êtes ici un peu chez vous. Je ne travaille pas avec les entreprises privées ou les marques. Mais je suis heureux de collaborer avec des entreprises qui ont pour mission de servir le public, et davantage encore quand il s’agit de mon public.
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Photo : © RATP – Denis Sutton