“L’œil en Hollande ne trouve pas autour de lui un de ces cadres tout fait à l’intérieur de quoi chacun organise son souvenir et sa rêverie. La nature ne lui a pas fourni un horizon précis, mais seulement cette soudure incertaine entre un ciel toujours changeant et une terre qui, par tous les jeux de la nuance, va à la rencontre du vide”
Paul Claudel, L’œil écoute
Regarder la photographie hollandaise contemporaine, c’est d’abord regarder les Pays-Bas, c’est lever les yeux vers cette terre du Nord et la lumière de son ciel immense, c’est découvrir une terre aux bras si ouverts que la mer n’hésite pas à s’y engouffrer. Dépourvu de frontières naturelles, ce pays est perméable à la circulation des hommes, des idées, des technologies novatrices. En 1839, les découvertes de Daguerre présentées à Paris par Arago sont aussitôt éditées et appliquées aux Pays-Bas.
Cette maîtrise précoce du médium est le terreau sur lequel se fondent les pratiques contemporaines, la première manifestation de cet acquis passant par l’engagement social et par une culture du documentaire.
Depuis plusieurs décennies, les institutions néerlandaises jouent un rôle exceptionnel dans l’essor, sans précédent, de la photographie ; les formats explosent, la couleur impose ses nouvelles approches, les démarches se libèrent et rejoignent directement le champ de l’art.
Si forte que soit ici la présence d’anciens de la Rietveld Academie d’Amsterdam, elle est loin d’être exclusive : on y rencontre des artistes dont l’itinéraire est passé par d’autres points et d’autres institutions.
Principalement articulée autour des deux genres majeurs que sont le portrait et le paysage, l’exposition regroupe les œuvres récentes (2000-2005) et pour la plupart inédites de vingt-cinq photographes.
Entre beauté sobre et chahut perceptif, une élongation de la vision.
Commissaires : Elisabeth Nora et Willem van Zoetendaal,
Exposition réalisée avec le soutien de la Banque de Neuflize et de Neuflize vie et de la fondation Mondrian.