Alber Elbaz / Lanvin

Alber Elbaz / Lanvin
Manifeste

« À l’ère du numérique, nous vivons à travers nos écrans, à mettre en images le moment présent. Nous ne regardons plus, nous filmons. Nous n’écoutons plus, nous enregistrons. Et nous ne parlons plus, nous téléchargeons » Alber Elbaz, directeur artistique de la maison Lanvin.

Galeries

La MEP

Dans son studio, le couturier travaille autour du corps avec l’aide d’un mannequin et de son équipe. Tous s’adressent à lui par un simple « Alber », témoignage d’une affection discrète dosée d’une évidente complicité. Il écrit ses collections dans l’obscurité d’une pièce, à l’aide d’une page blanche et d’un feutre noir, pour mieux ressentir et exprimer en vêtement les désirs des femmes. Il guide les modélistes à chaque étape de construction apportant des solutions aux problèmes techniques rencontrés. Le rythme des collections s’emballe et chaque saison est un nouveau prétexte à d’autres recherches dans son laboratoire de création rue du Faubourg-Saint-Honoré.

Sa maîtrise de la couleur fait la joie des rédactrices et des clientes bien trop habituées à l’éternel duel noir et blanc. Ce qui ne l’empêche pas de jouer aussi sur ce registre ! Sa palette fait le bonheur des photographes qui composent intuitivement des images graphiques, ponctuées de pigments pixellisés d’émotions que dégagent des silhouettes.

Il n’a pas d’adresse email, n’utilise pas les réseaux sociaux et laisse à d’autres le soin de documenter son travail au moyen de la photographie ou des films. Une distance surprenante avec les innovations technologiques qui dictent aujourd’hui un grand nombre d’évolutions sociales. Le digital influence pourtant directement son design car l’image est aussi son métier.

La suprématie de l’image à présent le mène à intégrer une nouvelle dimension dans le regard qu’il porte à son travail. Quelques années auparavant, seuls ses yeux pouvaient être juges d’une robe justement réalisée. Aujourd’hui, l’écran plat est devenu un second critique parfois en déséquilibre avec la réalité : « ce qui est beau à l’écran n’est pas forcément beau ou confortable sur le corps ». La mode et le luxe sont sous la contrainte de l’image, inversant leur rapport de force sur ce vecteur de communication. Ce contexte nécessite une constante remise en question du créateur qui modèle ses collections en volume et non à plat. Alber prône pour Lanvin un monde moins carré et plus en rondeur, oublie l’écran quelques temps et remet l’humain au centre de l’attention. Comment transposer cette vision en trois dimensions pour une exposition d’images qui par essence n’en ont que deux ?

En laissant des témoins au regard avisé accompagnant Lanvin et Alber Elbaz depuis de nombreuses années, immortaliser des instants fugitifs de construction, de technicité, d’attention aux finitions, de détails des matières et de magie des défilés.

Orchestrée par Alber Elbaz avec l’aide de ses équipes, cette exposition plonge le visiteur dans l’intimité des essayages, l’émotion des défilés Lanvin et la beauté des créations. Une première dans l’histoire de la plus ancienne maison de couture parisienne toujours en activité. Cinq salles pensées comme des ambiances mettent en lumière le travail du créateur, non comme un monologue, mais dans un dialogue continu entre mode et photographie.

Plus de 350 clichés signés des photographes But Sou Lai, Mark Leibowitz, Katy Reiss, James Bort, Juliette Da Cunha et Alex Koo retranscrivent la passion du vêtement. Une installation vidéo rythmée par la voix du créateur et animée par trois projections à partir d’images backstage, réalisées par Jean-Christophe Moine, et de défilés, captées par Séraphin Ducellier, complète cette scénographie.

Il s’agit d’une exposition introspective, et non rétrospective, pour tenter une immersion dans la machine à rêves d’Alber Elbaz pour Lanvin. Construite comme une installation artistique, elle n’apporte pas de lecture définitive, laissant le visiteur libre d’atténuer son esprit pour ouvrir son cœur. Une invitation à regarder, écouter et parler, pour paraphraser la première citation du couturier. Serait-ce donc son manifeste ?

Charles-Henry Paradis

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Image en une : Défilé Lanvin Hiver 2012. Les 10 ans. Photographie © But Sou Lai