Annie Assouline

Annie Assouline
Rome, visages de pierre

Galeries

La MEP

J’ai marché dans les allées de la villa Médicis. J’ai soulevé les feuillages touffus des troènes, des lauriers et j’ai découvert des visages de pierre, que j’ai à peine dérangés. Sentinelles de nos civilisations, ces vigies minérales démentent pourtant toute idée de pétrification. Leur regard effacé par le temps nous scrute au-delà de nous-mêmes. Sans complaisance, dupes de rien, avec un brin d’ironie et beaucoup d’indulgence.

J’ai sillonné le jardin de la villa Tornolia, j’ai visité le cimeterre inglese et j’ai erré dans le parc de la villa Borghese. La pluie d’octobre enfermait les chênes verts, les cyprès et les hauts pins derrière un rideau de lumière métallique.

En fait, l’intimité de cette prison végétale me réconfortait. Dans le Palatino, la profusion des rocailles, des marbres, des colonnes effondrées, des vestiges de péristyles donnent d’abord le sentiment d’un désordre absolu. Pourtant, dans l’objectif, c’est l’évidente ordonnance du temps qui me frappe. Une sédimentation harmonieuse de l’histoire romaine. De notre histoire. C’est Sigmund Freud qui m’a donné envie d’aller photographier les jardins de Rome et leurs vestiges de pierre. L’histoire du monde ne s’inscrit-elle pas dans les couches géologiques comme l’histoire de chacun dans les strates de son inconscient ?

Exposition réalisée avec l’aimable participation de la villa Médicis.