Atelier David Adamson

Atelier David Adamson
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Depuis l'enfance, je suis subjugué par la beauté de l'image imprimée. À l'âge de dix ans, je me suis fabriqué une presse sur le modèle original de celle de Gutenberg, avec l'encre, les rouleaux, et la première page de la Bible. Je suis manifestement attiré depuis toujours par la technique et l'envie de produire les meilleures impressions possibles.[…]

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Depuis l’enfance, je suis subjugué par la beauté de l’image imprimée. À l’âge de dix ans, je me suis fabriqué une presse sur le modèle original de celle de Gutenberg, avec l’encre, les rouleaux, et la première page de la Bible. Je suis manifestement attiré depuis toujours par la technique et l’envie de produire les meilleures impressions possibles.[…]

1978, année où Apple a sorti son premier ordinateur, a été un moment déterminant de ma recherche. J’ai emmené ma femme, Laurie, le voir, et me suis débattu avec une manette pour simplement dessiner un personnage rudimentaire. Complètement séduit, je me suis laissé captiver par ce nouveau monde, l’informatique.

J’étais lithographe, et j’ai compris qu’il serait de plus en plus difficile de poursuivre ces deux approches différentes de l’impression. En 1993, j’ai acquis ma première imprimante Iris 3047, et très vite saisi que l’impression numérique, si précise et en perpétuelle mutation, me conviendrait parfaitement. Bientôt, mon atelier de lithographie est devenu un atelier de numérique.

En 1995, j’ai rencontré Chuck Close et lui ai montré les impressions qu’avait données mon imprimante. Très réceptif, Chuck a donné son accord pour que je fasse des essais. Ensemble, nous avons décidé de produire une série d’images à partir de ses grands tirages Polaroid. Cette idée allait lui permettre de créer des éditions à partir d’un seul Polaroid. Mon atelier a commencé, là, à devenir un point de repère pour les plasticiens et les photographes curieux de cette nouvelle technologie.[…]

J’ai fait la connaissance de Jim Dine, qui est venu voir mon atelier à Washington, DC. Jim Dine ramasse dans l’atelier tous les objets qui l’attirent. Rien n’est sacré, rien n’est trivial pour lui : flacons de produit ménager, craie, peinture, os, tissu, détritus de la vie, tout, grâce à son imaginaire foisonnant, lui sert à créer de l’art.
Une nuit, il m’a appelé pour me demander si j’avais un lit en trop et si je pouvais l’apporter à l’atelier. Je me suis dit qu’il souhaitait travailler tard le soir et dormir sur place. Jim n’aime pas qu’on le materne trop ; il faut lui montrer le minimum d’attentions ; de toute façon, quand il est perdu, il demande de l’aide. J’ai donc apporté un matelas. Une heure plus tard, j’entends sonner l’alarme de l’atelier, et je sens une odeur forte et âcre de brûlé. Je me précipite dans la “pièce de Jim”, et je trouve mon matelas découpé, avec des bougies allumées fichées dedans, des poèmes gribouillés sur mes oreillers et mes draps ; le tout était transformé en un autel, qui avait pris feu.[…]

Nous avons numérisé les chrysalides vivantes de papillons que nous a apportées Adam Fuss ; comme la chaleur du scanner les réveillait, il nous fallait courir sans arrêt les mettre au congélateur pour éviter qu’elles éclosent. Une autre fois nous avons assisté avec angoisse à la séance où le même Adam a cassé des œufs qu’il a répandus sur la surface de notre scanner à 60 000 dollars.

Depuis ces expériences, j’ai travaillé avec plusieurs des artistes les plus inventifs du monde. Ils commencent souvent avec un négatif, une diapositive, un tirage, ou un objet. On le numérise, soit avec notre appareil à haute résolution, soit avec notre scanner Scitex. Corrigées, nettoyées, transformées, leurs images sont ensuite imprimées à partir d’un petit format sur des supports divers. Les auteurs proposent des modifications et, dès que les corrections sont au point, nous commençons à produire les tirages. Ce processus peut demander des jours, des semaines, ou des mois, cela dépend de l’artiste.

Aujourd’hui, on utilise les deux modèles d’imprimante Epson 9600, la Mimaki JV4-160, qui est une grande imprimante à jet d’encre, et l’Ixia, la version la plus récente de l’Iris, avec laquelle tout a commencé. En raison de la réputation de l’atelier, on nous demande souvent de faire les cobayes et de tester cette technologie émergente. Les œuvres les plus récentes, que montre l’exposition de la Maison Européenne de la Photographie, représentent la pointe de l’impression numérique.

Pour nous tous, à l’atelier, intervenir dans le processus de création, du début à la fin, c’est précieux. Ça a été et c’est toujours une aventure formidable.

Extrait du journal de David Adamson du catalogue de l’exposition, Atelier Adamson, co-publié par Steidl Verlag et Paris Audiovisuel/MEP.
www.adamsoneditions.com