August Stauda, le photographe de l’architecture et des paysages viennois, a pris plus de trois mille vues de la capitale autrichienne autour de 1900. Comme Eugène Atget à Paris, il s’est concentré sur les quartiers qui avaient été bouleversés par l’urbanisation au cours du dernier tiers du XIXe siècle. Stauda avait une prédilection pour les petites rues, leurs vieux immeubles et leurs cours intérieures. Ce qui caractérise avant tout son œuvre, c’est qu’il accorde aux manifestations de la vie quotidienne, saisie dans sa dimension fortuite, un rôle essentiel. August Stauda a aussi montré les conditions de vie souvent sinistres dans les faubourgs viennois.
On sait peu de choses sur August Stauda. Né en 1861 en Bohême, il s’établit à Vienne en 1882 et apprit la photographie chez son oncle Johann Evangelista Stauda. Dès 1886, il ouvrit son propre atelier à Wieden, un faubourg de Vienne et photographie scènes de rue, architectures et décors de la ville. Or depuis 1860, la capitale de l’Empire austro-hongrois connaît de profondes transformations. En effet, les préoccupations hygiénistes, la spéculation immobilière et l’essor démographique de la ville qui atteint déjà deux millions d’habitants montrent les limites de l’urbanisme ancien. Sous l’impulsion du pouvoir, qui aménage le quartier du Ring sur les anciens remparts, la ville prend peu à peu les caractères de la modernité : on perce des rues et des boulevards, on construit des immeubles de rapport, des monuments…
C’est entre 1902 et 1917, alors que l’Empire des Habsbourg brille de ses derniers feux, que se situe le cœur du travail d’August Stauda. C’est à ce moment aussi qu’il prend conscience de l’importance historique de son témoignage.
Derniers vestiges d’une ville qui a disparu, les photographies d’August Stauda constituent un témoignage précieux sur une des villes symboles du XIXe siècle. Ce chroniqueur de la ville de Vienne mourut le 8 juillet 1928.
Les photographies d’August Stauda ont été redécouvertes récemment. Elles faisaient partie depuis longtemps de la collection topographique du Musée de Vienne, dont elles constituent l’un des plus grands fonds complets, mais n’avaient pas encore été attribuées à un auteur. La plupart d’entre elles ont été vendues au musée par Stauda lui-même entre 1902 et 1917. Elles lui avaient été commandées par le comte Karl Lanckoronski-Brzezie (1843-1933), écrivain, collectionneur et mécène. Dans le cadre de cette exposition, nous présentons un aperçu significatif de l’œuvre de Stauda.
Exposition réalisée par le Wien Museum Dans le cadre du Mois de la Photo.
Commissaire : Susanne Winckler, Musée de Vienne