Brodbeck & de Barbuat

Brodbeck & de Barbuat
Les Mondes silencieux

Solitude urbaine ou familiale, errance existentielle, chaque projet de Brodbeck & de Barbuat met en avant, sous différents jours, la mélancolie silencieuse de l’Homme en traduisant l’interstice ténu séparant notre existence du monde rêvé. À travers la photographie et la vidéo, ils tentent de convoquer l’imagination du spectateur en inscrivant chacune de leurs réalisations dans une réflexion sur l’image entre réalité et fiction.

Galeries

La MEP

La place de l’Opéra à Paris, désertée et vide. Dépouillé de toute trace humaine, l’espace reprend ses droits. Si la série « Les Mondes silencieux » tend à nous faire perdre notre notion du réel, du temps et de l’espace, l’œuvre de Brodbeck & de Barbuat, avant toute chose, confronte l’Homme au monde et s’interroge sur la place de celui-ci dans la société : l’action et le mouvement perpétuels éloignent-t-ils l’Homme de ce qu’il est intrinsèquement?

Simon Brodbeck et Lucie de Barbuat ne se contentent pas du procédé technique qui consiste en un long temps d’exposition pour effacer tout élément en mouvement (voitures, passants, etc) ; à dessein, ils anticipent le résultat dans des esquisses préparatoires. Comme un écrivain qui détient, avant même l’écriture, la trame et le suspens de son roman, le duo d’artistes prémédite l’aspect fictionnel de leurs images.

Dans leurs créations photographiques et vidéographiques, les artistes évincent ainsi toute trace humaine, comme pour souligner la présence par l’absence, pour lui redonner un caractère emprunt d’humanité et repenser le rapport de l’Homme à son environnement.

La Maison Européenne de la Photographie présente la vidéo Place de l’Opéra, ainsi que les croquis et polaroids de la préparation de ce travail dans lequel une caméra descend lentement depuis le ciel et découvre la place de l’Opéra à Paris, déserte et silencieuse. Une femme seule vient redonner vie à ce paysage figé, en errant au milieu de la place. Rompant le silence, les pas résonnent, tout comme les battements d’ailes des oiseaux et le souffle du vent.
Cette vidéo, à l’instar de son pendant « new-yorkais » dans lequel la même femme déambule dans une rue déserte de New York, est issue de la série “Les Mondes silencieux”, d’où sont également extraites d’autres photographies présentées dans le cadre de cette exposition.

Développée de 2008 à 2012, cette série trouve son inspiration dans les balbutiements de la photographie. Boulevard du Temple (1838) par Louis Daguerre montrait une rue apparemment vide où seul un cireur de chaussures était visible. Le temps d’exposition long, de 3 à 5 heures, permet ainsi de ne faire apparaître sur la photographie que les éléments immobiles. L’activité humaine disparait.
Les images sont ensuite recomposées, retravaillées et font se rencontrer deux époques technologiques de la photographie, passé et présent.
Viennent ainsi se confondre à l’image ce qui existe et ce que l’imagination projette sur notre monde, ce que nous voyons et ce que nous ne pouvons voir. Une représentation intérieure et silencieuse.

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Mécénat de compétence 

Traduction des textes d’exposition réalisée grâce au mécénat de compétence de l’agence THOMAS-HERMÈS

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Image en une : Brodbeck & de Barbuat, Place de l’Opéra, Paris, 2009, Série « Les Mondes silencieux »
© Brodbeck & de Barbuat