Bruce Davidson

Bruce Davidson
La Nature de Paris

En explorant les espaces verts de Paris, j'ai découvert de vieux arbres fripés et une variété incroyable de fleur. Cette flore est une des composantes essentielles de Paris, elle contribue à définir son identité et sa beauté. Je pensais à ce que voient les arbres et ce qu'ils endurent, leur présence m'a fortement inspiré et m'a porté pendant tout le projet.

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Paris est souvent désignée comme la “Ville Lumière” ou la “Ville de l’Amour”, la capitale des grands musées, des monuments historiques et des ponts. Mais il y a aussi un autre Paris – celui des parcs et jardins publics de la ville, et celui des jardins privés et secrets, cachés derrière des murs infranchissables.

Au fil des ans, Paris a accueilli nombre de photographes prestigieux tels Eugène Atget, Henri Cartier-Bresson, Willy Ronis, Robert Doisneau, Brassaï : leurs images de Paris ont imprégné mon travail photographique depuis cinquante ans. Je savais ainsi que ce serait un véritable défi que de proposer une vision de Paris complètement différente et personnelle. Je savais également qu’il s’agissait d’une œuvre toujours en cours.

En explorant les espaces verts de Paris, j’ai découvert de vieux arbres fripés et une variété incroyable de fleur. Cette flore est une des composantes essentielles de Paris, elle contribue à définir son identité et sa beauté. Je pensais à ce que voient les arbres et ce qu’ils endurent, leur présence m’a fortement inspiré et m’a porté pendant tout le projet.

Un jour d’hiver, tandis que je flânais au Jardin du Luxembourg, j’ai observé l’atmosphère créée par la silhouette de vigoureux châtaigniers dont les branches noueuses se découpaient sur le ciel d’opale. Tandis que je marchais sur les quais, j’ai remarqué la force et la sensualité des racines entrelacées d’un arbre s’agrippant au sol dans un élan de survie, le long des flots calmes de la Seine. Un après-midi de fin d’été, j’ai découvert derrière Notre-Dame un petit jardin planté de roses en pleine floraison. Les arc-boutants et les gargouilles espiègles de la Cathédrale contrastaient avec les brassées de fleurs du premier plan.

Aux pieds de la Tour Eiffel, j’ai trouvé un vieil arbre au tronc fatigué dont les branches les plus hautes s’entremêlent aux pylônes d’acier de la tour. L’arbre et la structure se rejoignent finalement et disparaissent ensemble dans l’espace. Au Parc Floral de Vincennes, caché, à l’ombre d’un arbre, j’ai photographié des enfants pleins de vie, des amoureux enlacés et des gens allongés sur de luxuriantes pelouses.

À l’automne, j’ai gravi l’escalier en pierre du Parc de la Turlure à Montmartre et j’y ai trouvé des fleurs sauvages côtoyant les branches nues d’un robinier endormi. Le dôme du Sacré-Coeur émergeait tel la pleine lune se levant en plein désert. À cet instant, je me suis senti au cœur de la nature et la nature était en moi alors même que je me trouvais en pleine rue, au milieu des embouteillages et du tumulte de la ville.

La Flore que j’ai découverte dans les parcs et les jardins de Paris donne à la ville une autre dimension, un autre sens. C’est ce que j’entends par “la nature de Paris”.

Bruce Davidson, 2007

Exposition réalisée en collaboration avec Magnum Photos et en partenariat avec le Figaroscope.

Image en une : France, Paris. 2006. © Bruce Davidson / Magnum Photos