Bruno Fert

Bruno Fert
Les Absents

En 1948, la création de l’état hébreu déclenche la première guerre israélo-arabe et l’exode de plus de 700 000 palestiniens vers les pays voisins. Que reste-t-il aujourd’hui de ces villages vidés de leurs habitants ?

Je me suis rendu en Israël pour y retrouver et photographier les vestiges de ces territoires disparus durant la guerre de 1948. A travers ce reportage, j’ai souhaité revenir aux origines de la question des réfugiés palestiniens. Ces images apportent un témoignage sur une période décisive de l’histoire locale, dont les conséquences sont aujourd’hui au cœur de notre actualité.

Au lieu de photographier les réfugiés palestiniens dans les camps de Beyrouth ou dans la bande de Gaza, j’ai choisi de m’intéresser à leur absence en Israël. Les sites que je photographie sont le plus souvent déserts, exempts de toute présence humaine. Du village palestinien de Kafr’Inan, il ne reste que des pierres blanches éparses. En périphérie de Jérusalem, une vallée a curieusement échappé à l’urbanisation, comme dans l’ancien village de Lifta, qui fut au cœur d’une bataille juridique visant à empêcher la construction sur le site d’un complexe de logements de luxe et d’un centre commercial. A Nétanya, un étrange bâtiment en ruine se dresse dans un champ cultivé. Dans les faubourgs de la ville israélienne de Shlomi, l’église orthodoxe d’Al Bassa domine les usines et les entrepôts modernes.

Dans chacun de ces lieux, l’absence habite le paysage, jusqu’à en devenir le personnage principal.

Prix Roger / Scam Pic 2013.
Avec le soutien du Centre national des arts plastiques – Fonds d’aide à la photographie documentaire contemporaine.

Commissariat : Fadi Zahar

> A l’occasion de l’exposition, un portfolio sera édité par La Chambre Claire

Image en une : Les Absents Le village de Qubayba a été vidé de ses habitants lors de l’opération Barak le 27 mai 1948. En 1945, Qubayba était peuplé de 1720 habitants.