Charles Matton

Charles Matton
États des lieux

Mettre en doute les apparences, témoigner de ce qui semble afin de le mieux comprendre, illustrent bien le propos artistique de Charles Matton, depuis ses premières peintures, et quel que soit le médium employé (peinture, dessin, sculpture, photo, film, vidéo).

Galeries

La MEP

“J’aime chez Charles Matton cette familiarité obsessionnelle qu’il entretient avec les objets, le sentiment de leur évidence, qui est plus qu’un sentiment esthétique, et qui tient de l’exorcisme et de la magie. Faire surgir l’objet, voilà qui est plus important que de le faire signifier.” Jean Baudrillard

“Reconstitutions de lieux”, “réductions de lieux”, “espaces miniatures” sont les différentes définitions données à ses œuvres que Charles Matton nomme simplement “boîtes”. “Faire surgir l’objet, voilà qui est plus important que de le faire signifier” écrivait Jean Baudrillard dès 1987, dans la préface de l’exposition de Matton au Palais de Tokyo. Il se référait à ses premières boîtes, constats rigoureux, inventaires hyper anecdotiques où l’objet “surgi” se doit d’être le reflet fidèle du réel – tels L’atelier de Francis Bacon, différents ateliers de sculpteurs,La chambre d’une femme désordre, celle de Paul Bowles à Tanger, ou encore Le grenier deLeopold von Sacher Masoch.

Mettre en doute les apparences, témoigner de ce qui semble afin de le mieux comprendre, illustrent bien le propos artistique de Charles Matton, depuis ses premières peintures, et quel que soit le médium employé (peinture, dessin, sculpture, photo, film, vidéo).

Cette traque de la réalité se poursuit dans cet au-delà, cet “autre côté” irrémédiable des apparences, par des jeux de miroirs. Ainsi dans les boîtes “vampire studios” – telles uneArmoire à glace, une Salle de bains carrelée, ou encore La chambre d’Anna Freud à Londres – un faux miroir doublant les éléments ne reflètera jamais le visage du spectateur. Autres boîtes à leurres : les bibliothèques, caves ou halls d’hôtel, dans lesquelles des miroirs se répondant l’un l’autre créent des perspectives abyssales dans un espace pourtant circonscrit, où le visiteur à plaisir à se perdre.

Les photographies qui accompagnent les boîtes de Charles Matton dans Etats de lieux offrent une exploration nouvelle de la démarche de l’artiste. Ainsi, le paradoxe contenu dans la confrontation d’apparences – à échelle réduite – avec leur représentation – proche de la grandeur nature – donne-t-il lieu à un trouble, à une remise en question jubilatoire des habitudes de notre regard.

Exposition réalisée avec le soutien de Neuflize Vie.

Image en une : Charles Matton, La salle de bains de Mariefried, Suède, 2001 (avec lunettes donnant lʼéchelle) © F. et S. Straessle / Charles Matton