CYCLE DANCE WITH ME VIDEO

CYCLE DANCE WITH ME VIDEO
PROGRAMMATION WEEK-END #3

Dans le cadre du cycle DANCE WITH ME VIDEO, une sélection de vidéos d’artistes est proposée chaque week-end.
Cette programmation variée est riche de neuf thématiques qui sont autant de façons d’envisager le corps, le mouvement et la danse.

La MEP

La performe – danse

Le samedi 6 et dimanche 7 mai de 14h30 à 15h00

©Enna Chaton
©Enna Chaton

Laurent Fiévet (France)
Pardon me boy (Track 29) (Série « Ice »), 2011, 4’15’’
Du 2ème au dernier week-end de DANCE WITH ME VIDEO, chacune des programmations s’ouvre par une vidéo de Laurent Fiévet, de manière à inclure aussi le film dans cette programmation vidéo : le voici re-présenté par Laurent Fiévet. Spécialiste du cinéma, l’artiste utilise des images / des extraits de films comme matière à créer et, procédant par jeux d’allers et retours, les décompose et les recompose, nous donnant à voir les mouvements et les « swings » de manière plus dansante encore que la matière originale. Pardon me boy nous donne le tournis, avec le « ice show » de Karen Benson (Sonja Henie) de Sun Valley Serenade (1941) repris par Laurent Fiévet.
Pardon me, boy
Is that the Chattanooga choo choo?
Track twenty-nine
Boy … You leave the Pennsylvania Station ’bout a quarter to four
Read a magazine and then you’re in Baltimore


When you hear the whistle blowin’ eight to the bar
Then you know that Tennessee is not very far

Jean-Michel Pancin (France)
U000+U001, 2014, 9’40’’ (extrait)
« Enfant, puis adolescent, je pratiquais le patinage à raison de cinq heures par jour. En 1987, j’ai dû arrêter brutalement. Vingt-cinq ans après, j’explore la mémoire de mon corps en essayant de faire à nouveau, sans entraînement, des figures sur la glace. Ce sont à la fois des dessins géométriques et des chorégraphies, filmées avec 7 action-cams », dit Jean-Michel Pancin. Le point de vue omniscient de la caméra-contrôle nous donne à voir le corps qui lutte avec la glace pour s’arracher à la gravité, à la recherche de la grâce et de la légèreté. U pour utopie…

Ali Kazma (Turquie)
Bodybuilding (Série « Résistance »), 2013, 6’18’’
Avec « Résistance », ensemble d’œuvres produites pour la Biennale de Venise 2013, Ali Kazma s’engage dans une série d’œuvres intenses consacrées au corps : c’est le corps qui résiste, contre la normalisation, le contrôle, comme dernier bastion de l’individuation salvatrice. Face au conditionnement du corps et sa transformation par les forces qu’il subit, qu’elles soient sociales, scientifiques, culturelles, politiques, le corps devient territoire d’expérimentation et Ali Kazma, en vidéaste, conduit une recherche urbi et orbi dans les pas de Foucault, sur la mise en tension de cet ensemble de forces et le corps utopique. De la prison qui fait disparaître les corps à la scarification comme réappropriation de soi, du laboratoire à la salle d’opération, du bondage au théâtre, du film au bodybuilding, rien n’échappe au regard tenace de l’artiste. Bodybuilding est une compétition, une folie, une performance, une chorégraphie, une fête ; c’est le corps en érection, transformé, magnifié, déifié, vainqueur. C’est aussi un écho, dans cette programmation DANCE WITH ME VIDEO, au travail de Martial Cherrier, bodybuilder, artiste et « image builder » montré en parallèle dans la salle Hénault de Cantobre de la MEP.
À lire aussi : « Ali Kazma, Représenter l’activité humaine », par Régis Durand, Artpress 2013.

Ali Kazma (Turquie)
Painter, 2011, 9’36’’ (extrait)
En 2010, Ali Kazma rencontre Jacques Coulais (1955-2011), le peintre tétraplégique qui peint au sol avec les roues de sa chaise roulante. Une performance savamment chorégraphiée et, comme le dit Ali Kazma, « incroyablement cinématique, parce qu’il est d’une certaine manière déjà édité : l’économie du mouvement qui fait partie de tes performances est telle qu’elle requiert que tous les gestes non indispensables soient éliminés : c’est déjà “pur“. Alors que dans mes autres travaux je dois chercher les moments dans lesquels l’intentionnalité, le sens, l’efficacité sont au maximum, avec toi, le défi sera pour moi très différent, puisqu’il s’agira de montrer l’intentionnel dans l’intentionnel. Très concrètement, je vais filmer un homme sur une chaise roulante qui roule sur une toile, mais bien sûr il y a beaucoup plus que cela dans le travail, mais ce plus, comment le dire ? Il s’agira de dire la contrainte et de poser la question, “comment vivre“ ? Dans cette expérience qui demande tellement d’effort pour peindre, tant de disponibilité, de préparation, d’attention – quelle est la chose essentielle que tu dois faire ? Tes performances, Jacques, parlent de cela, de l’essentiel : du mouvement que l’on ne peut pas ne pas faire, du geste qu’il faut absolument faire. ». Painter nous donne ainsi à voir une performance essentialiste, maintes fois reproduite par le peintre.

Zeynep Papuçcu (Turquie)
Have a long lasting marriage, 2015, 3’29’’
Dans les temps anciens, en Turquie, dans le lit matrimonial, il y avait un seul oreiller de 160 cm de long et même si chacun des deux conjoints gardait le silence et le secret, ils partageaient toujours leur oreiller. Pour l’artiste, cet oreiller est un symbole de la construction sociale : tant que le partage existe, quels que soient les différences, les rêves, les vies des uns et les autres, l’oreiller partagé permettra une vie plus sereine, à l’abri des guerres et des conflits. Au son de l’eau, de la mer, de l’orage, la femme fait exister l’homme, poétiquement – pour finir, non sans réticence initiale, à se coucher à ses côtés sur le même oreiller et prendre ses mains… Dance with me au chant des mouettes et de la poésie des corps.

Enna Chaton (France)
Errances #2 (Chez Céleste Boursier-Mougenot), 2015, 12’28’’ (extrait)
Enna Chaton explore la beauté des corps mis à nu, de tous les corps. Elle capte les lâcher-prises, les glissements, l’intensité des expériences, des signes et des images de nos corps et de leurs rencontres. La collaboration qu’elle conduit parfois avec Céleste Boursier-Mougenot remonte à 2002 ; ici c’est dans les Giardini qu’elle a eu lieu, dans le cadre de la Biennale de Venise 2015. Sous la verrière du Pavillon français et dans les allées qui le jouxtent, Céleste Boursier-Mougenot déploie alors une « chorégraphie alchimiste » de trois arbres mobiles qui se déplacent lentement en fonction de leur métabolisme et de leur sensibilité aux passages de l’ombre à la lumière. Dans ce contexte, Enna Chaton filme à son tour l’alchimie en mouvement de personnes « qui s’impliquent bénévolement dans le projet pour des raisons qui leurs sont personnelles. L’écriture, la scénarisation des corps se dessine au fur et à mesure de leur inscription dans le lieu et de leur relation avec les œuvres de Céleste qu’ils découvrent comme de simples visiteurs. Leur réceptivité et leur présence est intensifiée par leur nudité et nous essayons de faire ensemble des tableaux et des trajectoires dans l’environnement » écrit l’artiste.
Une alchimie chorégraphique démultipliée.

 

 

COMMISSAIRES

Barbara Polla et Nicolas Etchenagucia

 

Image en une : ©Enna Chaton