CYCLE DANCE WITH ME VIDEO

CYCLE DANCE WITH ME VIDEO
PROGRAMMATION WEEK-END #4

Dans le cadre du cycle DANCE WITH ME VIDEO, une sélection de vidéos d’artistes est proposée chaque week-end.
Cette programmation variée est riche de neuf thématiques qui sont autant de façons d’envisager le corps, le mouvement et la danse.

La MEP

Le théâtre

Le samedi 13 et dimanche 14 mai de 14h30 à 15h00

4. © Laurent Fiévet
© Laurent Fiévet

Laurent Fiévet (France)
Red shoes (Série « Dem bones – Dislocated »), 2014, 3’55’’
Cette 4ème projection des week-ends DANCE WITH ME VIDEO est dédiée au théâtre et s’ouvre une nouvelle fois avec une œuvre de Laurent Fiévet. La série « Dem bones – Dislocated (présentée à partir du 20 mai sous forme d’installation 3 écrans à la galerie Mathias Coullaud) dont la vidéo Red Shoes est tirée, puise sa substance dans l’univers des grandes comédies musicales américaines. Pour cette vidéo, Fiévet a décomposé et recomposé des images du film The Band Wagon / Tous en scène, réalisé en 1953 par Vincente Minnelli, sans doute l’un des plus beaux films tournés sur l’art du spectacle et sur la création. Le ballet surréaliste que nous livre Fred Astaire et Cyd Charisse dans un bar enfumé est sublimé par Fiévet qui, par jeux d’allers et retours dans la matière des extraits filmiques, désarticule les mouvements des corps et leurs confère une dimension d’autant plus théâtrale.

Moumen Bouchala (Algérie)
Les jumelles, 2016, 3’09’’

« La vie et la mort sont deux sœurs jumelles »

Après avoir intégré l’École des Beaux-Arts d’Azazga en Kabylie, Moumen Bouchala s’installe en France où il achève ses études en 2016 à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon. Les travaux de l’artiste, qu’il s’agisse de vidéos, d’installations ou de performances, composent un vaste ensemble doux-amer d’où surnage une tendre mélancolie. Dans la vidéo Les jumelles, qu’il a réalisée en 2016, Bouchala recherche l’espace qu’il décèle entre la vie et la mort, celui qui permet à la poésie et la création d’émerger. Cet espace – ce théâtre – il nous le donne à voir telle une poésie silencieuse sous la forme d’une danse macabre, « sous un soleil chaud et sur une pierre froide, entre la promesse d’un éternel soleil et l’impossibilité de fuir la condamnation d’une pierre de marbre… »

Pilar Albarracin (Espagne)
Bailar sobre tu tumba, 2004, 7’04’’
L’artiste espagnole Pilar Albarracín s’intéresse aux clichés que représente l’identité andalouse, déformés de façon critique dans le miroir de ses réflexions artistiques, et explore le folklore et les traditions populaires, les rites alimentaires, les mythes religieux, le rôle de la femme dans la distribution des pouvoirs et les fêtes collectives comme la corrida… Consciente que les modèles hérités forment l’imaginaire et régulent l’identité et la morale, l’artiste utilise la satire et l’ironie comme forces pour les détourner et les libérer.
La vidéo Bailar sobre tu tumba (2004) répond à la nécessité, chère à Pilar Albarracín, de dé-codifier les rôles établis. Le cadrage bas et resserré laisse entrevoir les jambes d’un danseur chaussé de bottes noires et celles d’une femme – l’artiste elle-même – portant des souliers de flamenco rouges vernis. Leur danse passe par des intensités variées et traduit l’incompréhension de leur relation et le poids culturel des rôles homme-femme. Elle est calme, lui l’attaque doucement. Lui attend, elle rompt ses pas avec une sauvage série de pas claqués. Lui emprisonne son pied entre ses deux jambes, elle se rebelle. Lui danse, elle fait du bruit. Lui construit, elle déconstruit. La danse permet de faire émerger les mouvements qui libèrent le réprimé, tout en connectant le corps au rythme de l’érotisme et de la mort. À la fin, l’estrade sur laquelle ils dansent s’enfonce sous l’impulsion du pas de Pilar Albarracín. Selon l’artiste, « cette œuvre parle de la façon dont il est parfois préférable de se blesser plutôt que de se soumettre ; elle parle de la résistance, de la volonté de continuer à danser jusqu’à l’épuisement. »
D’après le texte Para volar de Rosa Martínez

Shannon Plumb (USA)
Olympics, track and field, 2005, 1’27’’
Shannon Plumb est une artiste américaine basée à New York. L’esthétique des explorations qu’elle conduit à travers sa pratique de vidéaste est inspirée par l’esprit du cinéma muet, celui de Buster Keaton et Charlie Chaplin notamment. À l’image de ces grands maîtres, Plumb dépeint des personnages et des situations d’un humour grinçant et décalé. L’artiste se joue des conventions et théâtralise des situations a priori banales en incarnant elle-même chaque personnage présent à l’écran. Pour DANCE WITH ME VIDEO, Plumb dévoile sa propre version des Jeux Olympiques et incarne à tour de rôle un coach sportif moustachu, une athlète « botoxée », un spectateur inattentif, un juge de ligne perplexe, un porte-drapeau… La richesse de ces personnages qu’elle filme en Super-8 est soulignée par la qualité de la (sur)interprétation de Plumb qui est aussi actrice.

Sean Capone (USA)
Mr. Fantastic (Les yeux sans visage), 2017, 6’22’’ (extrait)

Basé à New York et Los Angeles, Sean Capone est un spécialiste de l’art digital. Véritable passionné de l’image mouvante, l’artiste construit, crée et explore des mondes inconnus, souvent déstabilisants et kitsch, toujours beaux et fascinants. La dernière production en date de l’artiste américain est inspirée de « l’animatronique » de la maison hantée (animatronique associe mots animation et électronique, désignant les techniques qui permettent, au cinéma, de donner vie à des créatures artificielles) et l’expérience universelle de danser seul. Mr. Fantastic que l’on découvre d’abord partiellement à l’écran, chantonne un air de pop music. Puis apparaît ce que l’on suppose être son corps : sans tête et nu, il se dandine avec passion sur le son des notes de musique. Entre fascination sexuelle et horreur du corps énigmatique, la mise en scène théâtrale de Sean Capone glace le sang.

Michaela Spiegel (Autriche)
Time, 2015, 6’54’’ (extrait)  

« Le temps est une construction relative. La féminité, elle aussi, est relative. »

Depuis près de vingt ans, Michaela Spiegel explore plastiquement les multiples et complexes facettes de la condition féminine au travers de peintures, de photographies, de collages et de photomontages, de vidéos et d’installations. Dans Time, Spiegel joue avec les conventions sociales et les codes du burlesque avec l’idée de questionner la conscience liée au corps féminin. Elle nous dévoile en effet un strip-tease singulier savamment mis en scène : une femme d’âge mur se dévêtit langoureusement sur un morceau de l’album des Pink Floyd (1973), Dark Side of the Moon. Comme le dit l’artiste : « On dit souvent de ne jamais demander l’âge d’une femme. Ma réponse : questionne plutôt ta perception. Il n’y a pas d’âge pour le burlesque ! ». La confiance en soi, peu importe l’âge, comme forme de beauté éternelle.

Vladilen Vierny (Russie)
Traceurs, 2011, 7’43’’
Vladilen Vierny est un jeune cinéaste d’origine russe ayant habité en Belgique avant d’étudier à la Fémis à Paris. Son film Traceurs porte sur le parkour, cette discipline sportive qui consiste à mettre en tension le corps et l’environnement urbain. Dans la forêt grise et bleue de la ville moderne, des hommes, ces traceurs contemporains vus à travers l’œil de Vierny, s’élancent, bondissent et se contorsionnent. Ils tracent des sentiers possibles au cœur des paysages urbains, des chemins d’acrobates et éprouvent physiquement les surfaces rêches de béton. Le spectateur les éprouve lui aussi. Durant ces sept minutes de vidéo, aucune parole, aucun commentaire, Vladilen Vierny observe et capte les fragments de mouvement, les chorégraphies avortées et les impulsions soudaines des danseurs de rue… La rue comme théâtre à ciel ouvert.

 

COMMISSAIRES

Barbara Polla et Nicolas Etchenagucia