Cycle Mémoire et lumière

Cycle Mémoire et lumière

Les samedis et dimanches, à partir de 15h, une programmation est proposée au sein de l'auditorium, en écho à l'exposition Mémoire et lumière.

La MEP

La première partie de cette programmation résonne comme un hommage au photographe Keiichi Tahara, qui nous a quittés au début du mois de Juin. Photographe habité par une spiritualité de la lumière et du sensible, il se confie à Pierre Borhan dans un entretien filmé en 1990. Son film Cendres est la transposition de son regard vers l’image animée grâce à laquelle il nous emmène de chambres en chambres, de lucarnes en faisceaux de lumière, dans une épure stylistique propice à la réflexion, accompagnée par la voix de Bernard Lamarche-Vadel.

« Nous savons que nous allons finir. Nous allons retourner au lait de nos origines, dans la brillance qui s’accroît d’une particule première, au début de toute profondeur. »

Hiroshi Sugimoto évoque quant à lui son rapport à l’espace dans deux films, dont Memories of Origin de Yuko Namamura. La frénésie créatrice de Nobuyoshi Araki éclate littéralement dans le très bouillonnant film Arakimentari, les samedis à 16h30, présenté en alternance avec l’essai cinématographique Heso to Genbaku, « le nombril et la bombe atomique » d’Eikoh Hosoe, un ballet théâtral et sombre, proche de l’esthétique des romans de Yukio Mishima.

Horaires

Samedis et dimanches :
15h : Keiichi Tahara, Entretien avec Pierre Borhan, 26′, 1990
15h27 : Keiichi Tahara, Cendres, 32′, 1995
16h : Hiroshi Sugimoto, Contacts, 13′, 2000
16h13 : Nobuyoshi Araki : Contacts, 13′, 2000
16h27 : Masao Gosu, Série « portfolio », 2′, 1990

Uniquement les samedis 1er, 15 et 29 juillet, 12 et 26 août :
16h30 : Arakimentari, réal. Travis Klose, 74′, 2004

Uniquement les samedis 8 et 22 juillet, 5 et 19 août :
16h30 : Le nombril et la bombe atomique, réal. Eikoh Hosoe, 14′, 1960
16h45 : Sugimoto, Memories of Origin, réal. Yuko Nakamura, 43′, 2011

Uniquement les dimanches :
16h30 : Bill Manbo, un Américain dans les camps pour Japonais, 26′, 2016

 

LA PROGRAMMATION

Keiihi Tahara, Entretien avec Pierre Borhan, 26′, 1990
Production, distribution : PAV/MEP

Après avoir réalisé des courts-métrages au Japon, Tahara s’installe en 1973 à Paris, où son approche de la photographie en noir et blanc concourt à une nouvelle représentation de la lumière et de l’espace. Cet entretien de 1990 fait partie de la vidéothèque des photographes, produite par la MEP.

 

Keichi Tahara, Cendres, 32 ‘, 1995
Production, distribution : MEP/Lieurac

« La plus grande partie de mes photographies sont prises à partir et dans les chambres où je vis… Dans la chambre, en ombres chinoises, il y a un personnage principal, entouré d’autres personnages. Celui-ci raconte et se raconte. Il communique avec la lumière qui vient de la lucarne. Ce spectre de lumière est comme le barème de l’expression de ses ballotements, de ses pensées, de ses émotions et de ses sensibilités dans une mémoire de chaos lumineux. »

 

Hiroshi Sugimoto : Contacts, 13′, 2000
Production, distribution : KS Visions / CNC images de la culture

Le photographe japonais Hiroshi Sugimoto commente cinq séries de clichés en noir et blanc réalisés à partir du milieu des années 1970. La lenteur de la prise de vue, explique-t-il, est celle que nécessite l’observation du temps de la pré-humanité, « celui d’avant la séparation de l’homme et du monde », comme si on était « le premier homme qui découvre le paysage ».

 

Nobuyoshi Araki : Contacts, 13′, 2000
Production, distribution : KS Visions / CNC images de la culture

L’artiste japonais Nobuyoshi Araki, photographe de l’éphémère, commente en voix off son désir boulimique d’enregistrer le monde dans son immédiateté. De nombreuses séries révèlent avec une intensité dramatique la confrontation du photographe avec le sexe et la mort. Elles témoignent de l’invention d’un genre, le roman (photographique) autobiographique.

 

Masao Gosu, série « portfolio », 2′, 1990
Production, distribution : MEP/Point du Jour

Ce court film est l’un des 25 épisodes de la série « Portfolio » diffusée quotidiennement entre le 5 et le 30 novembre 1990, pendant le Mois de la Photo 1990. Ce 24ème épisode porte sur Masao Gosu.

 

Arakimentari, réal. Travis Klose, 74′, 2004
Production/Distribution Jason Fried / Travis Klose

Dans un kimono rouge, ses bras fermement liés, elle regarde l’objectif avec une expression vide. Derrière l’objectif, un curieux petit bonhomme est entrain de marmonner et de prendre des photos avec cinq appareils différents, trempé et excité comme le diable. Il s’agit de Nobuyoshi Araki, le plus controversé et le plus célébré des artistes japonais du monde.

 

Le nombril et la bombe atomique (Heso to Genbaku)
Réalisation Eiko Hosoe, Noir et Blanc, 12′,1960

La bombe atomique a creusé un vide dans le corps japonais, c’est un vide arachnoïde qui l’enserre d’un excès de douleur, c’est l’évolution bloquée de l’humain. Dans Heso to Genbaku de Eiko Hosoe, une esquisse d’humanité post-nucléaire est rendue à la vie primitive : devra-t-elle réinventer le corps? Quelle est la possibilité de vie du corps sans tête ? Le poulet court et culbute quelques instants, il ne sait pas ce qui lui manque, son cou se recourbe dans une crispation qui annonce la posture du danseur Butô. Filmé par le grand photographe japonais Eiko Hosoe, sur une chorégraphie de l’inventeur du Butô, Tatsumi Hijikata.

 

Sugimoto, Memories of Origin
Réalisation Yuko Nakamura, 43′, 2011, Japonais sous-titré Anglais

Ce documentaire retrace 200 jours dans la vie d’Hiroshi Sugimoto, artiste contemporain et grande figure de l’art moderne qui, en percevant le support de la photographie comme une forme d’art conceptuel, a repoussé les barrières de l’expression.
On découvre notamment grâce à ce film les sites du sud de la France choisis pour sa série « Architecture », son impressionnante installation artistique à la 17ème Biennale de Sydney, sa nouvelle œuvre intitulée Mathematics en Provence, son studio d’artiste à New York alors qu’il travaille sur Lightning Fields, sa réalisation et production récente d’arts de la scène traditionnels japonais.
Ce film s’axe autour de la question centrale posée par l’œuvre de Sugimoto : « en ces temps modernes, quel message ces œuvres nous renvoient-elles? ». Une immersion fascinante dans le monde d’Hiroshi Sugimoto.

 

Bill Manbo, un Américain dans les camps pour Japonais, 26′, 2016
Réalisation Agnès Poirier, Production Bonne Compagnie / ARTE France / ECPAD

Ce film de la série « Instantané d’histoire » fait echo à ce qu’a vécu Yasuhiro Ishimoto en 1942, et d’autres américains d’origine japonaise, victimes de suspicion généralisée à l’issue de Pearl Harbor, et qui ont été internés avec leur famille dans des camps américains.

Ce documentaire se base sur les photographies de Bill Mambo, qui a écrit un véritable journal photographique et intime de cette sombre période. La force de ce film est de parvenir à transmettre l’émotion d’un père interné face à son jeune fils et de restituer le conflit de loyauté en regard d’une double culture.