Cycle “Regards brésiliens”

Cycle “Regards brésiliens”

Sans prétendre circonscrire une création cinématographique et artistique Brésilienne, historiquement importante et d'une grande vitalité, les cycles du week-end sont cet été entièrement consacrés au Brésil, et vous proposent une sélection de regards, de documentaires et de longs-métrages.

La MEP

les bruits de recife de kleber mendonca filho, samedi 9 juillet

Horaires des samedis

15h00 : Horas Vagas, réalisation Celso Brandão, 13 minutes
15h13 : O Ponto das Ervas, réalisation Celso Brandão, 11 minutes
15h26 : O menino do rancho, réalisation Celso Brandão, 15 minutes
15h39 : Chão de Casa, réalisation Celso Brandão, 16 minutes
15h55 : Cinéma Novo, l’age d’Or du cinéma Brésilien, réalisation Dominique Dreyfus, 2007, 52 minutes
16h47 : Brasilia : contradictions d’une ville nouvelle, éalisation Joaquim Pedro de Andrade, 1967, minutes
17h10 : Graines d’amour (sauf les 2 et 30 juillet) réalisation Marcelo Novais Teles, 2011, 29 minutes
17h10 : Le tombeau de la vieille (les 2 et 30 juillet) réalisation Marcelo Novais Teles, 2016, 30 minutes

17h40 : séance long-métrage :

les 2 et 30 juillet, 13 et 27 août à 17h40 :
It’s all True : Based on an Unfinished Film by Orson Welles
réalisation Richard Wilson, Myron Meisel et Bill Krohn, 1993, 85 minutes

Les 25 juin, 16 juillet, 6 et 20 août à 17h40 :
Le sel de la terre
Réalisation Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado, 2014, 105 minutes

Samedi 9 juillet à 17h40 :
Bruits de Recife
Réalisation Kleber Mendonça Filho, 2012, 131 minutes

Samedi 23 juillet à 17h40 :
Central do Brasil
Réalisation Walter Salles, 1998, 105 minutes

Horaires des dimanches

15h00 : Horas Vagas, réalisation Celso Brandão, 13 minutes
15h13 : O Ponto das Ervas, réalisation Celso Brandão, 11 minutes
15h26 : O menino do rancho, réalisation Celso Brandão, 15 minutes
15h39 : Chão de Casa, réalisation Celso Brandão, 16 minutes
15h55 : Joaquim Païva : Photo instantanée : souvenirs de Brasilia, réalisation Evandro Salles, 2010, 12′
16h07 : Brasilia : contradictions d’une ville nouvelle, réalisation J. Pedro de Andrade, 1967, 23 minutes
16h30 : La maison où je suis né, réalisation Marcelo Novais Teles, 2005, 35 minutes
17h05 : Une année fleurissante, réalisation Marcelo Novais Teles, 2007, 20 minutes
17h25 : Graines d’amour, réalisation Marcelo Novais Teles, 2011, 29 minutes

Les 31 juillet et 14 août :
16h30 : L’île au miel, réalisation Marcelo Novais Teles, 2008, 83 minutes

Lire le détails des films

La programmation

Cette sélection illustre bien la volonté farouche des artistes Brésiliens de créer leur propre langage, leur propre modernité, tout en « digérant » les différents mouvements de création internationaux et les différentes inspirations.

Cette « anthropophagie culturelle » revendiquée par Oswald de Andrade, qui se retrouve en effet à un degré ou un autre, dans l’ADN de la création brésilienne moderne, a été notoirement incarnée par le cinéma novo dans les années soixante.

Ce cinéma qui a pu s’inspirer de Rosselini, Renoir, Bunuel, Eisenstein, ou Orson Welles, avec des moyens souvent dérisoires, garants de son indépendance technique et financière, est l’objet du magnifique documentaire de Dominique Dreyfus l’âge d’or du cinéma brésilien présenté à 15h55 les samedis.

Dans le film maudit d’Orson Welles, It’s All True, tourné en 1942, inachevé mais retrouvé en 1993, on retrouve les pêcheurs brésiliens photographiés par Marcel Gautherot. Dans une esthétique très proche de celle du photographe, Welles fait rejouer leur propre vie aux protagonistes, les ‘jangadeiros’ qui avaient parcouru 2000km sur un radeau peu avant le tournage.

Marcelo Novais Teles, scénariste et réalisateur contemporain, fait sien ce principe de faire rejouer leur propre vie aux personnages, dans ses films mélancoliques où il transforme sa propre vie en roman. A travers un cinéma qui a gardé la radicalité du cinéma novo, celle de l’autoproduction et des moyens techniques légers, alliés à une écriture très construite, s’exprime la mélancolie douce-amère d’un brésilien expatrié à Paris qui porte un regard sur ses racines.

Une autre particularité brésilienne est sans doute l’attention ethnologique du regard : quand les réalisateurs se penchent sur la très grande diversité sociale, ethnique, et culturelle du Brésil.

Ainsi quand Celso Brandão documente les rites de passage des indiens Pankararu dans Menino do Rancho, quand il filme un des derniers grands herboristes dans ponto das ervas ou encore la construction d’une maison traditionnelle par les planteurs du Nord-este, il s’attache à une infime partie du peuple brésilien. Mais on comprend à quel point cette population est fondamentale à l’identité brésilienne commune, faite d’un métissage culturel et toujours en construction.

Le regard de Joaquim Pedro de Andrade, grand représentant du cinema novo, sur l’édification de Brasilia, fait écho aux photographies de Joaquim Paiva et Marcel Gautherot, par ses longs travelings et ses cadres esthétiques. Mais documente aussi une réalité sociale et politique en évoquant la relégation des travailleurs pauvres en dehors de la cité modèle qu’ils érigent.

Dans les temps forts de vos rendez-vous avec le cinéma brésilien à l’auditorium, les samedis à 17h40, vous devez noter it’s all true d’Orson Welles, le Sel de la terre de Wim Wenders et Juliano Salgado, le très beau Central do Brasil de Walter Salles (le 23 juillet), et enfin Bruits de recife de Kleber Mendonça Filho, magnifique et si ‘symptomatique’ du Brésil urbain actuel (le 9 juillet).

A travers toute cette saison Brésilienne, c’est à une multitude d’enjeux, ethnologiques, esthétiques, écologiques, que les réalisateurs nous invitent à réfléchir. Des enjeux profondément tissés dans la terre d’un pays gigantesque qui semble miraculeusement unifié par une musique légère, une poésie et un sentiment de mélancolie si dur à traduire.

E.Bacquet

Détails des films

Horas Vagas
réalisation Celso Brandão, 13 minutes
Le double sens du titre, qui signifie « heure vacantes » mais peut aussi s’entendre poétiquement « heures vagues » correspond parfaitement à ce film. Depuis une fenêtre d’hôtel, point de vue unique, à différentes heures, la caméra divague sur une plage de Rio… Le film le plus contemplatif de Celso Brandão

O ponto das ervas, Celso Brandão

O Ponto das Ervas
réalisation Celso Brandão, 11 minutes
Dans son échope, le « professeur Oliveira » parle de sa pratique. Il est l’un des derniers herboristes traditionnels, détenteur d’un savoir unique et séculaire sur les plantes médicinales employées dans la médecine de la région du Nordeste.

O menino do Rancho, Celso Brandão

O menino do rancho
réalisation Celso Brandão, 15 minutes
« menino do rancho » est un rite initiatique, un rite de passage à l’age adulte, où un jeune enfant est livré à l’entité protectrice de sa famille. Le film montre ce cérémonial et les différents stades de ce rite, notamment les danses, de la tribu Pankararu.

Chão de Casa
réalisation Celso Brandão, 16 minutes
A travers la construction d’une maison traditionnelle, ce documentaire présente aussi les rapports que les travailleurs des plantations de cocotiers du Nord-Est du Brésil entretiennent avec les propriétaires des terres.

Cinéma Novo, l’age d’Or du cinéma Brésilien
réalisation Dominique Dreyfus, 2007, 52 minutes
Devant la caméra de Dominique Dreyfus, les principaux réalisateurs du Cinema Novo racontent un mouvement qui, s’il ressemble de prime abord aux autres “nouvelles vagues” des années 1960, reste unique dans l’histoire du cinéma. Les extraits de films phares et des archives montrant un Glauber Rocha exalté complètent la parole de Ruy Guerra, Carlos Diegues, Walter Lima Jr., Paulo Cesar Saraceni et Nelson Pereira dos Santos. En tournant avec de faibles moyens, chaque cinéaste invente un style bien à lui, se libère des contraintes techniques et des règles du montage. Sujets subversifs, forme élitiste, ils ne sont sauvés de l’emprisonnement que par leur succès à l’étranger, notamment au Festival de Cannes. En 1968, la dictature interdit toute représentation du réel, ce qui marque la fin du mouvement. Walter Salles et Fernando Meirelles commentent une influence paradoxale : tout le cinéma brésilien contemporain est pourtant né du Cinema Novo.” Martin Drouot

brasilia, contradictions d'une ville nouvelle

Brasilia : contradictions d’une ville nouvelle
réalisation Joaquim Pedro de Andrade, 1967, 23 minutes
Sept ans après son inauguration, Joaquim Pedro de Andrade examine l’échec de la ville de Brasilia en un court-métrage éblouissant et radical. Dessinée par Lucio Costa et Oscar Niemeyer, érigée en quatre ans sur le vaste plateau situé au cœur du pays, loin des grandes villes de la côte, la capitale sortie de terre se voulait le symbole de la modernisation et des transformations sociales du Brésil. Mais l’utopie n’a pas tenu ses promesses.” Sylvain Maestraggi

Graines d’amour (sauf les 2 et 30 juillet)
réalisation Marcelo Novais Teles, 2011, 29 minutes
Ce film charnière dans le travail de Marcelo Novais Teles articule plusieurs thèmes intimes qui lui sont chers. En filant la métaphore de la graine, il redouble sa réflexion poétique sur le déracinement, en croisant son propre retour au Brésil avec l’éloignement de sa femme, partie à Taïwann…

Le tombeau de la vieille (les 2 et 30 juillet)
réalisation Marcelo Novais Teles, 2016, 30 minutes
« La vieille » ne va pas se laisser enterrer comme ça… face à un fils avaricieux qui voit dans la maison de retraite un moyen de se débarasser d’elle, et de préempter son héritage avant l’heure, elle préfère faire le mur. De ce point de départ, Marcelo Novais Teles a construit une comédie où s’expriment aussi les tensions sociales et ethniques du Brésil : car si « la vieille » a décidé d’attendre volontairement que la mort vienne la chercher, quand elle seule l’a décidé, ainsi que les indiens le font traditionnellement, rien ne se passera comme elle l’a voulu…

it-s-all-true, quatre Jangadeiros

It’s all True : Based on an Unfinished Film by Orson Welles
réalisation Richard Wilson, Myron Meisel et Bill Krohn, 1993, 85 minutes
En fevrier 1942, Welles part pour le Brésil tourner un film qu’il ne pourra jamais achever. Un demi-siècle plus tard, “It’s all True” s’ouvre par un document qui raconte, a travers une enquête minutieuse et de nombreux témoignages, l’épopée de Welles au Brésil, puis présente dans son intégralité ce film qu’on croyait perdu, “Four Men on a Raft”, restauré a partir des indications du cinéaste.

Le sel de la terre, Wim Wenders et Juliano Salgado

Le sel de la terre
Réalisation Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado, 2014, 105 minutes
Depuis quarante ans, le photographe Sebastião Salgado parcourt les continents sur les traces d’une humanité en pleine mutation. Alors qu’il a témoigné des événements majeurs qui ont marqué notre histoire récente : conflits internationaux, famine, exode… Il se lance à présent à la découverte de territoires vierges aux paysages grandioses, à la rencontre d’une faune et d’une flore sauvages dans un gigantesque projet photographique, hommage à la beauté de la planète.
Sa vie et son travail nous sont révélés par les regards croisés de son fils, Juliano, qui l’a accompagné dans ses derniers périples et de Wim Wenders, lui-même photographe.

les bruits de recife de kleber mendonca filho, samedi 9 juillet

Bruits de Recife
Réalisation Kleber Mendonça Filho, 2012, 131 minutes
Comme un fil d’Ariane, les photographies d’une ancienne plantation coloniale, énigmatiquement présentées au début du film, résonnent dans le film comme une sorte de basse continue, anxiogène.
A Recife, sur la côte brésilienne, les habitants d’un quartier prospère de Setúbal suivent le cours d’une vie calme, entre légers désagréments et insouciance. Bia déploie des stratagèmes pour faire taire le chien du voisin, João se réveille dans les bras de son amante de la veille, tandis que Fransisco, qui règne en patriarche mystérieux sur le voisinage, reçoit la visite d’une société de sécurité privée qui souhaite s’ implanter dans leur rue. Peu à peu des rapports de force, passés et présents, se dessinent, parfois inscrits dans l’architecture même de la ville.
« Couvert d’honneurs lors d’une longue ronde festivalière, puis couronné de succès au Brésil, missionné aux oscars et désigné par le chanteur Caetano Veloso comme l’un des meilleurs films de l’histoire de la cinématographie locale, le premier long métrage réalisé par l’ex-critique Kleber Mendonça Filho aura tardé à atteindre les écrans français. (…) voilà le temps enfin venu de se joindre à l’admiration que suscitent largement ces Bruits de Recife» Julien Gester, Libération

Central do Brasil
Réalisation Walter Salles, 1998, 105 minutes
Dora, ex-institutrice, gagne sa vie en écrivant des lettres pour les migrants illettrés à la gare centrale de Rio. Ana et son jeune fils Josue font appel à ses services pour retrouver le père de Josue. Lorsque Dora rentre dans son petit appartement de banlieue, elle fait le tri des lettres de la journée, en envoie certaines, jette les autres et en garde une partie dans un tiroir. C’est ce qui arrive à la lettre de Josue. Quand sa mère meurt, renversée par un bus, Josue demande à Dora de l’aider à retrouver son père. D’abord insensible, Dora finit par accepter de l’aider.

Chão de Casa
réalisation Celso Brandão, 16 minutes
A travers la construction d’une maison traditionnelle, ce documentaire présente aussi les rapports que les travailleurs des plantations de cocotiers du Nord-Est du Brésil entretiennent avec les propriétaires des terres.

Cinéma Novo
réalisation J. Pedro de Andrade, 1967, 32 minutes
Tourné en 1967 pour une télévision allemande, Cinema Novo présente les chefs de file du “cinéma qui se fait aujourd’hui au Brésil” – les chefs de file moins un, car Joaquim Pedro de Andrade est derrière la caméra pour nous montrer, dans un style de reportage, Carlos Diegues, Glauber Rocha, Domingos de Oliveira, Arnaldo Jabor et d’autres au travail, en cours de tournage, de montage, ou de négociation. Mathieu Capel – CNC

La maison où je suis né
réalisation Marcelo Novais Teles, 2005, 35 minutes
Marcelo Novais Teles est né à Manhuaçu, dans la région du Minas Gerais.
Ce film accompagne le voyage de son frère Jorge, qui part de Rio pour rejoindre la maison natale, abandonnée, afin de pouvoir la mettre en vente. En touchant sa part, il espère ainsi subvenir aux charges de la paternité qui l’attend… Mais le but même du voyage se perd, alors que résonne la comptine pour enfants écrite par Vinicius de Moraes « c’était une maison très drôle.. elle n’avait pas de toît… elle n’avait pas de murs… »

Une année fleurissante
réalisation Marcelo Novais Teles, 2007, 20 minutes
La petite musique de l’intime… Un couple est confronté à son propre avenir, au choix d’enfants. Et le temps s’étire, l’anxiété s’exprime sans un mot… la petite musique est certainement un Blues.

Graines d’amour
réalisation Marcelo Novais Teles, 2011, 29 minutes
Ce film charnière dans le travail de Marcelo Novais Télès articule plusieurs thèmes intimes qui lui sont chers. En filant la métaphore de la graine, il redouble sa réflexion poétique sur le déracinement, en croisant son propre retour au Brésil avec l’éloignement de sa femme, partie à Taïwann…

l'ile au miel, réalisation M.N.Teles

L’île au miel
réalisation Marcelo Novais Teles, 2008, 83 minutes
Ce long métrage de Marcelo Teles, tourné en vidéo légère, est, à l’instar de ses autres récits intimes, un mélange de spontanéïté et d’écriture autobiographique. Cette fois il nous emmène dans les paysages de l’île au miel, haut lieu touristique de l’état du Parana.