Gladys

Gladys
Les escaliers de la plage

J’ai retrouvé les photographies faites par mon père dans les années 50/60, années de mon enfance en Algérie, à Oran. Il parcourait l’Algérie du nord en automobile pour représenter des articles de mode, des pièces de lingerie et en particulier les bas Bomo. Il avait baptisé la plage où nous allions souvent Bomo Plage. Elle porte encore ce nom aujourd’hui.

S’approprier l’histoire familiale. Faire ce voyage en soi, primordial, pour à la fois retrouver, sentir, et tenir à distance une chose du passé. Quelque chose continue, toujours réactivée, comme les vagues échouant sur la plage. Histoire consignée, histoire cosignée. Partager cette mémoire au sein d’une époque. Confusion des âges, des plages. Récits épiques, épopées de l’intime. Une histoire à la fois individuelle, familiale, mais aussi une histoire collective, « avec sa grande hache », comme le dit Perec.

Le rapprochement, le coude à coude, et le vis-à-vis des images brouillent les époques, brouillonnent le récit. En adjoignant mes propres photographies à celles de mon père, je me glisse entre les vides et les trous, je remonte le temps, comme une montre mécanique, comme la manivelle d’un appareil de cinéma amateur. Je tiens tête. Cette série d’images se déroule comme un petit film qui tressaute et s’obstine, dans un cliquetis chaotique, à remonter le temps. Images décousues, mais tenues ensemble par le fil de l’histoire. Papa, la mer, ma mère, mes sœurs, la mer. Un air de famille. Un air du temps. Qu’il fait, qui passe.

Commissariat : Gladys