Guy Peellaert

Guy Peellaert
Chroniques d'un siècle

Guy Peellaert, avec l'aide perverse de son ami Nick Cohn, prend un malin plaisir à la confusion des genres. il refait l'histoire, la grande, et les petites, celles de la politique et du show-bizz, avec une sorte de fureur iconoclaste servie par une virtuosité du crayon et de la souris qui n'a pas d'équivalent dans le dessin contemporain.

Galeries

La MEP

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Guy l’incrédule.

Vous circulez dans l’exposition. Défilent devant vos yeux des images plus surprenantes les unes que les autres. Sur chaque visage, ou presque, vous pouvez mettre un nom. Chaque situation, ou presque, suscite un commentaire. Vous identifiez des personnages qui appartiennent à l’histoire, à votre histoire. Vous saluez des individus célèbres qui ont marqué leur temps. Staline ou King-Kong, Freud ou Sarah Bernhardt, Malcom X ou Picasso, des dizaines, des centaines d’autres.

Vous vous laissez emporter par une frénésie typiquement “peellaertienne”.

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Dans cette accumulation vertigineuse, vous ne cherchez pas de logique, pas davantage de chronologie. Vous plongez, et l’esprit fasciné par tant de références culturelles ou journalistiques, par une iconographie qui donne dans la démesure, vous passez de l’œil halluciné de Raspoutine à la fesse de Madonna, des folies érotiques d’un empereur éthiopien à la dignité hiératique de notre général.

Vous avez pourtant remarqué la délicatesse avec laquelle sont réunis et traités Milena et Kafka, Edith et Cerdan. Mais l’étrangeté de certains rapprochements, de télescopages insolites dans le temps et l’espace, d’accouplements contre-nature commence à vous poser problème. Pourquoi Einstein empêche-t-il Babe Ruth de jouer au base-ball ? Proust aurait-il offert un catleya à Carpentier ? Mata-Hari a-t-elle séduit Churchill ? Et soudain le doute disparait. Cette chronique du siècle est un tissu d’erreurs et de non-sens.

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Guy Peellaert, avec l’aide perverse de son ami Nick Cohn, prend un malin plaisir à la confusion des genres. il refait l’histoire, la grande, et les petites, celles de la politique et du show-bizz, avec une sorte de fureur iconoclaste servie par une virtuosité du crayon et de la souris qui n’a pas d’équivalent dans le dessin contemporain. Une science du portrait et de la gestuelle de ses héros, un souci du détail signifiant, participent à la crédibilité des scènes que génère avec jubilation le faux témoin qu’est Peellaert.

Apôtre du métissage, maître de cet art bâtard qu’est le mix-média, usant de la photographie dans son rapport avec les apparences de la réalité, il ne cesse de prouver que la vérité n’existe pas, sinon celle de l’auteur : cette série d’images n’est qu’une apologie du mensonge illustrée par un homme qui ne croit pas ce qu’il voit, qui ne croit que ce qu’il donne à voir. Mais il n’y a que le mensonge, prétendait Cocteau, pour dire la vérité.

Robert Delpire

Exposition réalisée avec le soutien de 7L