Henri Maccheroni et Michel Butor

Henri Maccheroni et Michel Butor
Paris, Ville-Ténèbres

"Paris, Ville-Ténèbres" est un ensemble de cinquante-deux photographies. La démarche semble relever de la "quête-poursuite" de Nadja dans Paris ou de ces errances nocturnes dont André Breton et ses amis surréalistes étaient coutumiers. Extases de la nuit, qui devient ténèbres, mais en vibrations constantes, libérant ça et là, par flashs successifs, des éclairs de lumière blanche jusqu'alors emprisonnées dans les gangues d'un noir absolu.

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Photographe et poète, peintre et graveur, Henri Maccheroni est né en 1932. Il s’intéresse d’abord à la photographie comme complémentarité à ses recherches picturales, puis travaille à la série 2000 photographies du sexe d’une femme de 1969 à 1974. À partir de 1972, il s’intéresse à diverses techniques photographiques dont le photomontage, le collage et la superposition, et aborde des thèmes aussi variés que la ville, l’archéologie, la femme, les vanités. En 1982, il fonde le Centre National d’Art Contemporain de Nice, dit Villa Arson, avec la complicité de l’écrivain Michel Butor.

Son œuvre, d’abord imprégnée du génie surréaliste, s’engagera plus tard dans des voies sociocritiques plus conceptuelles, s’érigeant notamment contre la torture et la peine de mort.

Henri Maccheroni a toujours tissé des liens étroits entre ses activités et celles d’écrivains, tel Pierre Bourgeade, Denis Roche ou bien sûr Michel Butor.

Deux livres d’artistes “La Vallée des Dépossédés” et “Métro” sont nés en 1981 de cette collaboration entre Henri Maccheroni et Michel Butor. En 1996, un ouvrage de bibliophile “Trêves et rêves, Jérusalem” rassemblent les photographies d’Henri Maccheroni et les poèmes de Michel Butor et de Yehuda Lancry.

Après ces projets éditoriaux consacrés aux villes de New York, Jérusalem et Florence, un nouveau défi s’impose à Henri Maccheroni: Paris. Le projet est audacieux. Qui peut encore photographier Paris après Atget, Brassaï, Kertèsz, Willy Ronis et tant d’autres grands photographes ?

“Paris, Ville-Ténèbres” est un ensemble de cinquante-deux photographies. La démarche semble relever de la “quête-poursuite” de Nadja dans Paris ou de ces errances nocturnes dont André Breton et ses amis surréalistes étaient coutumiers. Extases de la nuit, qui devient ténèbres, mais en vibrations constantes, libérant ça et là, par flashs successifs, des éclairs de lumière blanche jusqu’alors emprisonnées dans les gangues d’un noir absolu. Ces photographies sont accompagnées de textes écrits par Michel Butor, d’une grande richesse qui voient et font voir la nuit.

Extrait d’un texte de Tessa Tristan.

L’ensemble des œuvres présentées lors de cette exposition appartient aux collections de la Maison Européenne de la Photographie.

À l’occasion de l’exposition un livre est publié aux Éditions Léo Scheer / Maison Européenne de la Photographie.

Textes de Michel Butor, accompagnant les photographies d’Henri Maccheroni (Images de haut en bas)

“Une grappe de visiteurs pressée par le poing de la nuit fait couler son jus d’insouciance dans les rigoles du cellier où murissent les souvenirs de vieilles danses et chansons le Chat Noir le Bateau Lavoir absinthe friture et cancans.”

“Les percussions des lampadaires accompagnent le pédalier sous les tuyaux d’orgues des arbres et les cantiques des reflets le long de la rampe s’appuient les fatigues de nos retours le long du parapet répondent les grincements de nos vieux os.”

“Entre les voitures parquées d’autres viennent pour observer les globules d’humanité qui ont dévalé la cascade en tourbillons d’ébriété s’aidant des rampes et des grilles pour ne pas rouler sur les marches après les discussions du soir.”