Une esthétique de l’Habiter, fluide et transitoire, comprise dans l’entre-deux des formes et des couleurs d’un côté, des désirs et des expériences de l’autre, peut alors émerger. Celle-ci se porte constamment à la frontière entre le visible et l’invisible, elle repose sur la pratique sociale des espaces, comme en témoignent ces images réalisées dans les quartiers Argentine et Saint-Lucien de Beauvais (60), du Viguier à Carcassonne (11), des Fenassiers à Colomiers (31) et de la Noue et du Clos Français à Montreuil (93).
Dans la démarche de l’artiste, il ne s’agit nullement de souligner l’âpreté bétonnée des barres HLM, là où les ciels de banlieue paraissent toujours grisâtres, ni même de dresser le portrait d’habitants désabusés par la réalité de leur quotidien. L’artiste a choisi de dépeindre la vie de ces quartiers en les figurant en « négatif », c’est-à-dire en ignorant les espaces communautaires, publics ou partagés, en excluant les habitants de toute photographie pour se focaliser sur ce qui demeure enfoui, infime et intime.
Julien Verhaeghe
Commissariat : Aude Mathé
Projet photographique réalisé avec le soutien du Ministère de la Ville (agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances), des communes de Montreuil (93), Colomiers (31), Beauvais (60), du Graph-CMI et de la ville ainsi que de l’agglomération de Carcassonne
L’exposition s’accompagne de la sortie d’un livreEnsembles, textes de Jean-Michel Léger et Michel Poivert, éditions Créaphis, 2014