Intimités

Intimités

Photographies de Emi Anrakuji, Nobuyoshi Araki, Jane Evelyn Atwood, Edouard Boubat, Stéphane Duroy, Bertien van Manen, Eva Rubinstein

Comme une peau collée sur une autre, un gant retourné, scruté de l’intérieur. Une chambre oeil. Comme ça l’intime possède la photographie, à moins que ce ne soit le contraire. Comme le voyage de noces d’un tokyoite, un train, une chambre, le lit, les draps où il prend sa femme, en photo, et lorsque cette femme est emportée par la mort bien plus tard, comme il fait un flash back. Comme le regard droit d’une femme qui rentre dans les prisons et dans la vie des femmes rebelles. Cette autre femme qui met son homme et son jeune fils à terre, pour les saisir dans un geste où viennent en lumière les écritures de leurs corps et de leur désirs.

Comme Lella et Édouard, amants, artiste et modèle, si beaux, resplendissant l’un sur l’autre, et dont les traits fendent tout, la photographie, le visage, oui tout. Ou encore une femme cachant sa poitrine pour montrer sa nudité. Et cet ouvrier nu à peine sorti de la mine, le visage noir de charbon, ou cette femme se maquillant dans une chambre d’hôtel, crayon noir, cerne, et les poussières de l’histoire.

Emi Anrakuji, Araki, Jane Evelyn Atwood, Édouard Boubat, Stéphane Duroy, Bertien van Manen, et Eva Rubinstein explorant l’intimité, «l’en-cage de l’être », où la photo est vertigineusement experte, et si duelle, comme une peau sur une autre peau, retenues l’une dans l’autre, intimités ou extimités, écartelées, radieuses.

Zaha Redman

Image en une : Édouart Boubat, Lella dans l’atelier, 1948 ©Édouart Boubat, courtesy In Camera Galerie