Sans être exhaustive, cette rétrospective veut rendre hommage à la personnalité de Johan van der Keuken en témoignant fidèlement de sa démarche photographique, multiple et toujours en recherche, et en évoquant ceux qui l'ont toujours accompagné : sa famille, ses amis et la musique de jazz.

L'exposition

Image
Johan van der Keuken, Le 14 juillet 1958, Île Saint-Louis, de la série “Paris Mortel”
Tirage gélatino-argentique, 29,5 x 40,3 cm
Collection MEP, Paris. Acquis en 1995.
© Noshka van der Lely

Né en 1938 à Amsterdam, décédé en 2001, Johan van der Keuken se lance dans l’expérience photographique dès l’âge de 12 ans et publie son premier recueil de photos à 17 ans. En 1956, il obtient une bourse et entre à l’IDHEC (Institut des Hautes études Cinématographiques) à Paris et mène dès lors simultanément une activité de photographe et de cinéaste.

La première partie de cette rétrospective a pour objet les trois livres de Van der Keuken. Ouvrages de référence aujourd’hui, ils ont révolutionné le monde de l’édition néerlandaise. Wij zijn 17 (Nous avons dix-sept ans) paru en 1955 et Achter Glas (Derrière la vitre), en 1957, sont des livres novateurs car ils traitent d’un groupe social rarement représenté à l’époque: les adolescents. Dans Achter Glas, deux sœurs (Georgette et Yvonne) passent le plus clair de leurs temps à rêvasser derrière la fenêtre. À travers elles, Van der Keuken livre le spectacle maussade d’une jeunesse comme suspendue entre deux âges.
De 1956 à 1958, Johan van der Keuken suit des études de cinéma à Paris et poursuit son activité de photographe dans les rues de la capitale. Il publie ces clichés urbains en 1963 sous le titre de Paris mortel. L’ouvrage se divise en six chapitres dont, entre autres, le métro, les portraits de rue, les défilés militaires et le cimetière du Père-Lachaise. L’ambiance sombre de chaque séquence gagne en intensité avant de s’achever sur le thème principal, celui de la “mortalité” de la ville. Van der Keuken met ainsi fin au mythe d’un Paris romantique et intemporel au profit d’un Paris des classes laborieuses, d’une capitale industrieuse.

La deuxième partie de l’exposition, située dans les salles autour de l’auditorium, montrera par une série d’installations alternant extraits de films, musiques et photographies, les rapports étroits entre images fixes et images animées dans l’oeuvre de Johan van der Keuken. Les portraits de sa famille, de ses amis et partenaires sur certains de ses tournages : Le peintre Lucebert (sur qui il réalisa 3 films), Remco Campert, Ed van der Elsken, Bert Schierbeek, ainsi que les photographies réalisées lors du tournage du film Les vacances du cinéaste, seront présentés en parallèle avec deux autres films :Amsterdam Afterbeat, un portrait de l’épouse de Johan van der Keuken, Noshka van der Lely, et On Animal Locomotion, un autoportrait sur une musique originale de son ami et complice Willem Breuker.
Les photographies réalisées en Afrique, à New York, ou à Sarajevo, en parallèles avec des extraits de La forteresse blanche, de Vacances prolongées ou de Sarajevo Film Festival, témoigneront de l’importance des rapports Nord/Sud dans l’oeuvre de Van der Keuken. Enfin Les rues d’Amsterdam, vastes fresques photographiques réalisées en 1993, ainsi que Jaipur, 1991 évoquent précisément l’espace intermédiaire entre photographie et cinéma, “entre fixité et chaos, entre surface et simultanéité”, selon les termes de Van der Keuken. Composées d’images instantanées photographiées en superposition, elles mettent en oeuvre une mémoire courte et approximative, et fonctionnent par “la tension entre l’aléatoire et la maîtrise”.

Une troisième partie sera consacrée à quelques séries plus spécifiquement photographiques, réalisées dans les années 80 et 90, et dans lesquelles Johan van der Keuken jouant notamment avec les notions de cadre et de temps, expérimentant tous les dispositifs imaginables, s’interroge sur la réalité de la réalité et sur sa perception du monde.

Sans être exhaustive, cette rétrospective veut rendre hommage à la personnalité de Johan van der Keuken en témoignant fidèlement de sa démarche photographique, multiple et toujours en recherche, et en évoquant ceux qui l’ont toujours accompagné : sa famille, ses amis et la musique de jazz.

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Exposition réalisée avec le soutien de la Banque de Neuflize, de Neuflize Vie.