Un homme parcourt une maison dont nous comprenons d’emblée qu’elle est liée à son passé. C’est un lieu où les marques du temps sont aussi visibles que le style des objets offerts à notre regard. L’homme parcourt la maison comme s’il voulait, par ses déambulations, préciser un souvenir. Nous devinons que cette errance est en quelque sorte une nécessité, sans pour autant être en mesure d’établir qu’il s’agit pour lui d’une simple rencontre avec un moment de son passé plutôt que d’une quête, qui serait, le cas échéant, indispensable à sa survie.
Il tient un papier, dont nous ignorons la nature, sur lequel il reprend une sorte de croquis, comme si ce fruste dessin l’aidait de façon décisive à poursuivre sa mystérieuse activité.
Ce dessin sommaire serait-il une sorte de carte, capable de donner à sa mémoire et à son activité des contours autrement plus précis ? Il nous fait penser au pilote de Saint-Exupéry qui essaie de déplier une carte en plein milieu de l’ultime tempête.
Mais nos certitudes sont en définitive trop maigres, comme les girouettes dans Le Livre, de Melville, trop haut placées pour que l’on puisse se prononcer sur leurs mérites.
Nous n’aurons que la certitude des doutes que nous inspireront ces vingt-quatre photographies suspectes.
La continuité narrative qui est censée les lier n’est peut-être qu’une équivoque de plus. Peut-être n’est-elle même pas aléatoire.
En d’autres termes, ces photographies ne font peut-être rien d’autre que poser vingt-quatre questions, au départ sans réponse, chose dont l’art, somme toute, s’occupe normalement.
Jorge Molder
Parallèlement à la Maison Européenne de la Photographie, le Centre National de le Photographie présente une exposition consacrée à Jorge Molder du 5 décembre 2001 au 4 février 2002. À l’occasion de ces deux expositions, un catalogue est publié aux Éditions Paris Audiovisuel – Maison Européenne de la Photographie / Centre national de la Photographie.