L’intrusion de Julia Milner dans le monde de la photographie fut foudroyante et pleine d’éclat. Dans le projet Mobilographie actuelle, l’artiste de 24 ans nous apparaît avec un style bien à elle. L’exposition de ses œuvres fut une des sensations de la Biennale internationale de Moscou en 2005. Ce sont des autoportraits et des portraits d’amis et de connaissances qu’elle a pris de très près au moyen d’un téléphone portable doté d’une cellule photographique. À l’aide de ce même téléphone, elle transforme ces portraits et obtient des images vives et expressives. Elle entraîne ses personnages dans un jeu destiné à faire découvrir leur ego ou à le retoucher. Agrandis jusqu’à des dimensions monumentales, les œuvres de Julia Milner transforment les “défauts” de ces photos prises avec un téléphone portable en un style tout à fait nouveau – la Mobilographie.
Dans le projet vidéo Univers, Julia Milner utilise des photographies scientifiques de l’Univers – galaxies, nébuleuses circulaires, éclipses lunaires, taches solaires, vent solaire etc… obtenues au moyen d’appareils d’une extrême complexité par les astronomes et décrites, également par ces derniers, en un langage à la fois scientifique et plein de métaphores poétiques. À travers les paysages cosmiques, on voit poindre dans ses œuvres le principe sexuel féminin – signes totémiques de l’éternelle féminité de l’Univers. La dynamique des changements de genre que l’on observe, en particulier, dans les processus artistiques, se manifeste par le fait que les signes totémiques masculins cèdent progressivement la place au principe féminin. L’artiste transforme ainsi son projet en un jeu à la fois amusant et sérieux.
L’exposition présente également le cyberprojet Click I Hope, montré au Pavillon russe de la 52e Biennale de Venise. Créant sa propre variante d’un nouveau jeu cybernétique de comportement, l’artiste fait appel à la vitalité naturelle de l’homme, préférant aux stratégies réflexives la stratégie de l’action. L’installation représente un écran connecté au projet sur le net et un écran tactile permettant aux visiteurs de participer. La phrase “I hope” passe sur l’écran en 50 langues. Nous ne pouvons connaître les motifs qui poussent les participants à cliquer sur “I Hope” en telle ou telle langue. Mais cliquer sur “I Hope” n’est pas cliquer sur “I Kill”, or c’est ce que vous font faire la plupart des jeux électroniques. “Click I Hope” est un accumulateur virtuel d’espoir. Si nécessaire à chacun de nous.
Olga Sviblova
Exposition réalisée en collaboration avec la Maison de la Photographie de Moscou.