Jürgen Klauke

Jürgen Klauke
Le désastre du moi

Oeuvres 1996-2001

Galeries

La MEP

Au début des années 70, le jeune Klauke commence à pratiquer la photographie, médium qui à l’époque n’était pas encore reconnu dans le monde de l’art. Mais par sa démarche indépendante et conceptuelle, l’artiste rompt définitivement avec les caractéristiques d’une photographie traditionnelle.

Dans ses séries, Jürgen Klauke incarne, de manière historique, la position postmoderne, en ce qu’il se désigne lui-même comme objet de ses observations. Ainsi, en prenant de fausses identités, il rejoue le drame des conflits humains. Recréer l’univers avec soi-même est le leitmotiv de l’artiste. Klauke est un des premiers à mettre son propre corps au coeur de sa réflexion artistique. Il a contribué ainsi à poser les paramètres du courant connu sous le terme “body art”.

A partir du milieu des années 70, Klauke commence également à mettre en scène des performances. “Hinsetzen/Aufsteh’n/Ich liebe Dich”, action qu’il a réalisée en 1979 dans la Städtischen Galerie im Lenbachhaus, à Munich, est devenue légendaire.

Avec sa participation, en 1980, à “Arti Visive” à la Biennale de Venise, à la documenta 6 (1977) et la documenta 8 (1987), la rénommée internationale de l’artiste va croissant. Il est salué au cours de grandes expositions en Allemagne et aux Pays-Bas en 1986-87, au Japon en 1997 et surtout lors de la toute dernière rétrospective de ses oeuvres à la Bundeskunsthalle de Bonn. Si Klauke rencontre ces succès, il les doit surtout à sa créativité et à sa capacité à se renouveler constamment, en évitant toute catégorisation.

Dans la série “Desaströses Ich” qu’il a choisi d’exposer à la Maison Européenne de la Photographie, Klauke ne cherche plus le rapprochement du masculin et du féminin, ou le dépassement ludique du modèle d’identité sexuelle, mais tente d’équilibrer les genres qui ont été figés dans des états esthétiques. Le décor, très formel, se mêle aux corps pour se transformer en formes abstraites, toutes dénuées d’individualité. L’ambivalence du corporel et de l’abstraction se reflète également dans les tonalités rouges et bleues des tableaux. Klauke nous raconte de manière tragi-comique cette recherche de l’identité, cette fragilité et ce déchirement de l’existence.

Catalogue ” Le désastre du moi ” – œuvres 1996/2001
Éditions Paris Audiovisuel-Maison Européenne de la Photographie/Léo Scheer