L’exposition présentée ici résume l’histoire d’une passion. Celle des images dites ” d’archives filmées “. Ce ne sont pas des photographies, mais elles font un clin d’œil à la photographie.
Elles en épousent les tendances, les modes, les évolutions, les curiosités, tout au long du siècle. Elles ont vécu les mêmes soubresauts de l’Histoire, ressenti les mêmes émotions et les mêmes bonheurs, utilisé les mêmes modèles.
Ce sont des images de trois à cinq secondes, dont la qualité artistique ou émotionnelle me touche, des ” plans magiques ” en quelque sorte.
Elles appartiennent à d’autres, parfois jamais tirées, noyées qu’elles sont dans les divers fonds d’archives, dans des bobines trop ou pas assez montrées.
Ces plans magiques, je n’en trouve pas plus d’un par an… Encore ne faut-il pas le laisser passer. Car il se cache entre plusieurs plans prétextes, médiocres ou inutiles. Mais quand il se présente, je l’isole des autres, je le goûte, je teste sa faculté à vivre seul, par lui-même, en me le repassant image par image.
Et parfois, ce plan est si beau, aussi beau qu’un tirage signé d’un maître de la photographie, les mouvements à l’intérieur du cadre sont si parfaits que je le garde pour moi. Cette image, je m’en empare et je la fais mienne en la travaillant comme on travaille une pâte. Elle se fait floue, couleur, saccade ou ralenti, révélant un geste, un personnage fugace, une émotion ou un drame.
La guerre, la mort, la misère sont les sujets qui reviennent le plus souvent dans cette exposition. C’est une réalité ! Mais aussi les stars des actualités du bonheur, la Callas, Brigitte, Ava et bien sûr Marlène et Marilyn, avec leur manière bien à elles de jouer avec l’objectif, le fixant, se projetant sur lui avec cet air de dire : ” je t’attends “.
Patrick Jeudy