L’intime comme illusion

L’intime comme illusion

Carolle Benitah, Catherine Rebois, Diane Ducruet, Juliette Agnel, Marie Docher, Vincent Gouriou

A y regarder de plus près, l’intime intervient assez régulièrement dans notre langage quotidien et n’appartient pas encore au cercle des mots rares et précieux. Une pensée, un ami, un diner et même une toilette peuvent être qualifiés d’intime.
Cependant, si ce terme désigne ce qui est personnel, profond, voire caché, à vouloir en parler, ne le condamnons-nous pas à devenir trop visible et à perdre son identité ?

Que dire alors de la photographie quand elle décide de le mettre en scène, d’en rendre visible la chair, les traces les plus cachées ? L’acte photographique, dans son essence même, peut-il tout à la fois voiler et dévoiler, préserver ce qui fait le « coeur » même de l’intime, et nous faire également accéder à sa connaissance sans la perdre ?
La photographie nous a habitués à plus d’une réussite en la matière. Et même si c’est elle qui nous conduit bien souvent à préférer le spectacle qu’elle sait aussi si bien produire, elle reste un champ d’expression privilégié, car certains artistes savent l’art d’évoquer sans trahir.

Six d’entre eux se sont réunis autour de six propositions : Juliette Agnel, Carolle Bénitah, Marie Docher, Diane Ducruet, Vincent Gouriou et Catherine Rebois. Chacun à leur façon, chacun avec leurs images, aborde ce qui fait le coeur de l’intime, que ce soit le sien ou celui des autres. Tour à tour ils en explorent les territoires, provoquent les idées reçues, s’interrogent sur l’identité, l’illusion, la construction sociale, ce qui fait résistance. Autant de questions qu’ils ont mises au coeur même de leur réflexion, des questions qui font images, mais pour lesquelles ils nous donnent aussi la possibilité d’y répondre à notre tour.

Françoise Paviot

 

Commissariat : Françoise Paviot

Image en une : Vincent Gouriou, Evie, 2013 ©Vincent Gouriou