Peu nombreuses certes, mais si singulières, ces photographies modestes, voire anodines dans leur sujet sont, de plus, présentées – à l’encontre des tendances actuelles de la photographie contemporaine -, dans de si petites dimensions que nous sommes obligés de nous rapprocher pour mieux en scruter les détails. Si l’image semble souvent abîmée, c’est que Wilson privilégie des films anciens, parfois hors d’usage. Le résultat visuel est opalescent : le grain, très présent, vient souligner la lumière décadente qui provoque tour à tour des zones d’ombres intimistes dans les scènes nocturnes, ou un rendu charbonneux et embrumé dans les paysages diurnes. C’est précisément cette technique de prise de vue « aléatoire », intégrant l’accident à la vision photographique, qui fonde le singulier langage de Matt Wilson. Progressivement, la vue se trouble, de sorte que l’image, hypnotique, nous fait basculer dans un univers poétique et hors du temps. Cette trame visuelle structure finalement l’ensemble en une écriture incidemment narrative, qui nous mène dans des contrées fictionnelles à la limite d’un rêve éveillé.
Christine Ollier
Commissariat : Christine Ollier