En 1993, la Maison Européenne de la Photographie a confié à Mimmo Jodice le soin de réaliser ce projet photographique sur Paris. C’est l’ensemble de ce travail, qui est présenté ici pour la première fois.
Paris et la tour Eiffel. Il y a des endroits où nous ne savons plus comment nous comporter : comment les observer, comment les traverser, comment les vivre. Et comment supporter l’overdose d’images sophistiquées ou d’instantanés qui, de Paris ou d’autres lieux renommés, nous parviennent chaque jour, où que nous soyons, pour nous rassurer et nous dire que la Ville lumière est toujours là, égale à elle-même, toujours disponible.
Quand j’ai entrepris ce voyage visuel, j’ai souhaité ne pas éviter les lieux communs. Bien au contraire, j’ai ressenti le besoin de m’attaquer au Louvre et à la tour Eiffel, à Beaubourg et au Trocadero, à la Seine et aux Invalides, afin de porter un nouveau regard sur ces icônes superficielles en les libérant de l’aura sacrée et mercantile qui les emprisonne. Au cours de ce voyage, j’ai rencontré une Métropolis de fin de siècle, un Paris postmoderne engagé sans aucune retenue dans un dialogue ouvert avec le Paris historique. Avec la même absence de retenue, j’ai mélangé les images de ces deux âmes parisiennes dans une rencontre qui tient de l’affrontement et de la confrontation. Dans cette Babel du troisième millénaire, ces lieux semblables et anonymes deviennent des lieux “communs”.
L’exposition et le livre qui l’accompagne, se veulent une sorte de guide illustré de Paris, où chaque lieu, ancien ou moderne, est observé comme s’il s’agissait d’une “première fois”. J’ai tenté de décrire un Paris, qui bien qu’étant montré dans toute sa familiarité, soit difficile à reconnaître. Ces photographies créent sans doute un sentiment d’inquiétude et de rejet, alors qu’elles tentent précisément d’exorciser l’imaginaire de la carte postale qui anesthésie notre expérience de certaines villes. Des photographies font de ces lieux communs des lieux nouveaux : Paris et la tour Eiffel.
Mimmo Jodice