Peter Knapp

Peter Knapp
Ou la passion des images

De la photographie au cinéma, en passant par la mise en page et le dessin, l'exposition que lui consacre aujourd'hui la MEP restitue, à travers les principaux moments d'une carrière débordant d'activités, une passion pour les images, une curiosité de tous les instants pour ses multiples formes et significations.

Galeries

La MEP

Peter Knapp est né en 1931, à Bäretswil, en Suisse. Il fait ses premières photographies en 1945. Après ses études secondaires, il entre en 1947 dans une école d’art de Zurich où il reçoit une formation de graphiste. Il commence à peindre puis décide, en 1952, de partir pour Paris afin d’étudier à l’École des Beaux-arts. Remarqué pour ses qualités de metteur en page et son goût pour la typographie, il entre aux Galeries Lafayette dont il va rapidement assurer la direction artistique, chargé de l’aménagement des vitrines et de la publicité. Hélène Lazareff l’engage pour assurer la mise en page d’un titre qu’elle vient de reprendre, le Nouveau Femina. C’est le début d’une intense collaboration qui va se poursuivre au sein du magazine Elle, qu’elle a créé après la guerre, et pour lequel elle demande à Peter Knapp de travailler à partir de 1959. Son nom est très étroitement associé à Elle, et il revient y assurer de nouveau la direction artistique, après une interruption entre 1966 et 1974. Il y fait alors travailler les plus grands noms de la photographie de mode, de Jeanloup Sieff à Sarah Moon, en passant par Oliviero Toscani. Mais quand il ne trouve pas le photographe sachant répondre à ses idées, il prend l’appareil pour les réaliser lui-même. La force de ses images repose également sur la qualité des relations qu’il établit avec les mannequins, dont les plus célèbres comme Jean Shrimpton passent par son studio. Il exerce ainsi pendant de nombreuses années une double activité de directeur artistique et de photographe – expérimentant toutes sortes de techniques inédites, jusqu’à utiliser des images extraites de films 16 mm -. Ce goût de l’expérience, il l’exprime de façon plus prononcée encore dans son travail personnel.

En 1964, il abandonne définitivement la peinture pour la photographie, prenant conscience que ce médium répond davantage à ses intentions. Aidé notamment par le critique d’art Pierre Restany, il est l’un des premiers artistes à exposer des photographies en couleurs et de grande taille dans les galeries, alors que la plupart des photographes ont encore recours au noir et blanc et à une gamme conventionnelle de formats. Parallèlement à ses commandes en provenance des acteurs de la mode – il collabore pendant près de vingt-cinq ans avec le couturier André Courrèges -, Peter Knapp poursuit ses recherches visuelles. Plusieurs thèmes l’inspirent, notamment le ciel et ses couleurs, les accidents qui rompent son unité. Il programme et conceptualise – avant la lettre – ses prises de vue, laissant le dispositif raconter le temps qui passe et les marques qu’il laisse derrière lui, aussi bien dans le ciel que dans la nature.

À l’issue de sa longue collaboration avec Elle et d’autres magazines tels que Stern, Vogue et Sunday Times Magazine, son désir de liberté prend peu à peu le dessus et il se consacre davantage à ses créations personnelles. Sans pour autant continuer de s’intéresser à la mise en page. Ses activités dans le domaine de l’édition sont multiples, depuis cette étonnante collection, “Le livre de la santé“, qui paraît en 1967, et dont il conçoit le visuel des pages, réunissant des travaux d’illustrateurs et de photographes réputés, ce qui est totalement inattendu dans une encyclopédie de ce type. Il met en page de nombreux livres d’art, dont un Giacometti en 1991 et qui est consacré par un prix. Peter Knapp collabore auparavant avec les éditions du Centre Pompidou, dans le cadre d’une collection qui a pour titre “Contemporains“.

Le panorama de ses activités ne serait pas complet si l’on omettait de mentionner ses films. Dans le domaine de la mode tout d’abord, il s’illustre en 1966 par des courts-métrages pour le magazine de télévision “Dim Dam Dom”, réalisé par une collaboratrice du magazine Elle, Daisy de Galard. L’un de ses plus récents films raconte les derniers jours de Vincent Van Gogh passés à Auvers-sur-Oise, non loin de l’endroit où lui-même habite. De la photographie au cinéma, en passant par la mise en page et le dessin, l’exposition que lui consacre aujourd’hui la MEP restitue, à travers les principaux moments d’une carrière débordant d’activités, une passion pour les images, une curiosité de tous les instants pour ses multiples formes et significations.

Gabriel Bauret
Commissaire de l’exposition

Image en une : Rita, premier polaroïd, 1962 © Peter Knapp