Paris est sans doute la ville la plus photographiée au monde. D’Atget à Willy Ronis, en passant pas Brassaï ou Doisneau, chaque photographe a eu, un jour ou l’autre dans sa vie, le désir de s’attaquer à ce mythe éternel dont il convenait de renouveler les stéréotypes.
Ainsi en va-t-il de l’exposition “Pariscolor”. Un jeune photographe, à l’heure d’internet, du “zapping” et du jetable, propose une version inhabituelle : celle d’une ville que la mondialisation a touchée dans son quotidien et dont l’identité semble désormais se diluer dans l’urbanité moderne des grandes métropoles. Comme Londres, New York, ou Shanghai, Paris offre, par bien des aspects, le visage d’une capitale standard interchangeable et protéiforme dans laquelle se superposent et se mêlent logos, pictogrammes et graffitis.
C’est à travers la couleur et ses contrastes que Pierre Klein entreprend ce surprenant inventaire. Un distributeur de Manix se couvre de tags, tracts et affichettes de toutes sortes, tandis que dans une “manif”, la tête d’une jeune fille, comme un voyelle ronde, s’encastre dans la typographie flottante d’un slogan revendicatif.
Mixité des formes et métissage se côtoient et s’entrechoquent dans un tohu-bohu iconoclaste. Un arbre des villes renaît, “clôné”, dans une armature de tuyaux, tandis que plus loin, dans un décor à la Disneyland, devant une protubérance en forme d’oeil, passe un car de touristes d’un rouge criard “Enjoy a sightseeing tour”.
Avec une fantaisie décapante et sauvage, Pierre Klein nous restitue la mue d’une ville et ses infimes métamorphoses. A la pellicule des fabricants, Fujicolor, Kodakolor, Agfacolor, il ajoute sa propre touche et crée une nouvelle marque : Pariscolor.
Jean-Luc Monterosso
L’exposition est organisée avec la participation de Central Color qui présente également une exposition de Pierre Klein du 23 mars au 26 avril 2006 (Galerie Central Color, 10 rue Pergolèse, 75016 Paris).