LE SAMEDI, DE 15H À 17H
PORTRAITS
15h00 : David Lynch, de Guy Girard
1989, 60′, couleur, documentaire. Réalisation : Guy Girard. Production : Art productions, La Sept.
« Avec humour, David Lynch évite de répondre au pourquoi du journaliste qui tente, en décembre 1988, d’en apprendre plus sur ce cinéaste. Les extraits de “Blue Velvet”, “Eraserhead”, “Elephant man”, diffusés dans la pièce où il travaille, sont intégrés au climat du film. Occupé à l’adaptation d’un roman ou à la fabrication d’une sculpture, il cultive savamment son mystère. Lynch est filmé à Los Angeles, chez un glacier, dans sa maison-bunker aseptisée, dans un studio où Julie Cruise enregistre “Floating into the night”, au volant de sa voiture. On le voit de longs moments silencieux en train de travailler. Toujours calme, il parle avec douceur de l’importance de soigner les détails, les textures. Il aime l’humour noir de Kafka dont il souhaite adapter “La Métamorphose”. Il pense qu’il faut passer par des trous – obsession de l’oreille – pour accéder à d’autres dimensions. Enfin, il revient, avec l’acteur d’Eraserhead, sur les lieux magiques du tournage de ce film, occasion pour nous d’admirer son sens des décors naturels. Attentif à l’étrange et à la beauté, tel nous apparaît David Lynch : “Il y a des choses dont on ne peut parler”. » Dominique Villain
16h00 : F for Fontcuberta, de Gerardo Panichi et Daniele Vila
2005, 52 minutes. Réalisation : Gerardo Panichi & Daniele Vila. Production : Televisio de Catalunya (Espagne), Banff Center (Canada).
Nos contemporains ignorent très souvent que l’huître peut se révéler un féroce prédateur, que de célèbres cosmonautes soviétiques ont été effacés de l’Histoire contemporaine, ou encore que les sirènes ont vraiment existé (en Provence notamment). Derrière ces révélations se révèle bien sûr l’œuvre photographique de Joan Fontcuberta, qui travaille sur cette frontière troublante entre réalité et fantastique.
Dans ce portrait, qui prend lui-même la forme de vrai-faux “mockumentaire”, se révèle le travail d’un artiste jouant sur le fil de la réalité.
17h : « Joan Fontcuberta. Méta ou Post-Photographie? »
2011, 21 minutes, Français réalisation Sylvie Deligeon production Scérén cndp crdp
Ce documentaire, basé sur un entretien avec Joan Fontcuberta, présenté par Chritian Gattinoni, explore avec profondeur les différentes champs de réflexion qui sous-tendent le travail du photographe.
C’est un questionnement, comme le titre l’indique, de la modernité, la post-modernité, de la notion d’auteur, à travers l’évocation de différents domaines de la connaissance, scientifiques, littéraires, historiques…
Un film pour approfondir, qui est également disponible à l’achat à la librairie de la MEP.
LE DIMANCHE, DE 15H À 18H
SÉLECTION THÉMATIQUE
David Lynch ou Joan Fontcuberta, chacun à sa façon, nous place dans son travail photographique face à un “trouble” particulier. Devant une image qui, au premier regard, présente les signes rassurants d’une photographie traditionnelle, nous sommes troublés lorsque la réalité ordinaire semble se dérober. Saisis, face à l’image photographique, par l’étrangeté de sentir une distance fantastique dans ce que l’on croyait n’être qu’un document.
De nombreux artistes ont, à l’instar de David Lynch ou de Joan Fontcuberta, utilisé les qualités familières de la photographie pour jouer sur cette distance, en transformant subtilement la réalité représentée, ou encore en construisant de « faux » documentaires. Ils ont ainsi introduit une rupture insidieuse dans la représentation, qui interroge notre regard, et son besoin de « reconnaître » ce qui lui est familier.
À travers les différents films qui sont programmés le dimanche vous est proposé un parcours original, sous forme de films expérimentaux, de portraits, et de fictions, à travers l’inquiétante étrangeté des photographes.
« De la solitude, du silence, de l’obscurité, nous ne pouvons rien dire, si ce n’est que ce sont là vraiment les éléments auxquels se rattache l’angoisse infantile qui jamais ne disparaît tout entière chez la plupart des hommes » Sigmund Freud, L’inquiétante étrangeté, 1933.
15h00 : Tyger, de Guilherme Marcondes
4min.30

Ce court film d’animation Brésilien de Guilherme Marcondes est présenté en guise de préambule. Il y règne une belle ambiance inquiétante, où, sur le passage du tigre dans la cité, homme et objets se transforment en animaux, dans un graphisme expressionniste.
15h05 : Le Monde de Ramette, de Guillaume Allaire
52min.
Un univers surréaliste délesté des lois de l’apesanteur, dans lequel l’être humain méditatif se tient en suspension, à la lisière des choses et du précipice. Que peut signifier cet homme désemparé, tantôt immergé, tantôt marchant sur les eaux, ou posément fiché entre ciel et terre ?
15h58 : Barcelone, de Tom Drahos
19min.
Pour faire ce film, Tom Drahos a réalisé plusieurs milliers de photographies, qu’il a ensuite filmées en cinéma 16mm. Il a ensuite développé lui-même la pellicule, afin de travailler la texture même de l’image, puis monté et enfin transféré en vidéo. Dans ce film, le personnage photographié, avec des lunettes et une cagoule type aviateur, n’est autre que Joan Fontcuberta.
16h18 : Karl Blossfeldt, série “Histoire de voir”
1min.10, 1991
Ce court film analyse la démarche de Karl Blossfeldt dans sa série « ürformen der Kunst » à laquelle se réfère Joan Fontcuberta dans sa série Herbarium.
16h20 : Pomme (Omena), de Harri Larjosto
17min., 1990
Le photographe finlandais réalise ici un film expérimental dont les ambiances, inspirées du surréalisme, et l’onirisme n’est pas sans rappeler certaines séquences du cinéma de David Lynch.
16h38 : Still not there – Arno Rafael Minkkinen, de Kimmo Koskela
51min., 1995
Artiste et réalisateur finlandais, Kimmo Koskela filmé la vie et l’œuvre de Minkkinen pendant neuf ans, de 1986 à aujourd’hui. “Still not There” est à la fois un documentaire et une fiction.
17h30 : Cindy: The Doll is Mine, de Bertrand Bonello
15 minutes – 2005
Sélectionné au festival de Cannes en 2005, « Cindy the Doll is Mine » s’inspire de l’univers photographique de Cindy Sherman. Celle-ci a multiplié les autoportraits, se mettant en scène en de nombreuses et troublantes identités différentes, inspirées des stéréotypes féminins véhiculés par le cinéma. Ici c’est un juste retour des choses avec ce film de fiction, où Asia Argento interprète Cindy Sherman dans un autre dédoublement. Cinéma et photographie, modèle et photographe, Bertrand Bonello livre ici, non pas un documentaire sur la photographe, mais une fiction, une reflexion sur le simulacre, sur l’image.