Regarder VU

Regarder VU
Un magazine photographique 1928-1940

L'hebdomadaire illustré VU est créé le 21 mars 1928 et s'arrête le 29 mai 1940, comptant plus de 600 numéros et des hors séries qui feront sensation (VU au pays des Soviets, 1931 /L'énigme allemande, 1932 / Fin d'une civilisation, 1933 / Interrogatoire de la Chine, 1934 / VU en Espagne, 1936).

Galeries

La MEP

L’hebdomadaire illustré VU est créé le 21 mars 1928 et s’arrête le 29 mai 1940, comptant plus de 600 numéros et des hors séries qui feront sensation (VU au pays des Soviets, 1931 /L’énigme allemande, 1932 / Fin d’une civilisation, 1933 / Interrogatoire de la Chine, 1934 / VU en Espagne, 1936).

VU est à la tête de la révolution médiatique des années 1920, celle d’une presse qui, dans l’utilisation massive de la photographie pensait produire une vision objective du monde. Tel uneVUe d’Actualité Cinématographique fixée sur papier, il se veut le ” Journal illustré de la semaine ” par la présence constante de la photographie dans toutes les rubriques. Son fondateur et directeur est Lucien Vogel, homme de presse engagé, créateur de la Gazette du Bon Ton (1912-1925) et du Jardin des modes (1922). Vogel pratique lui-même la photographie et devient volontiers reporter pour son propre magazine. Sa position en faveur des républicains espagnols en 1936 causera son éviction.

VU développe une information diversifiée, voire éclectique (politique et affaires du monde, mais aussi société, mœurs, découvertes, cataclysmes, explorations, culture, sports, spectacles, et choses étonnantes et inhabituelles) et l’appui constamment sur le document photographique, promettant ” des pages bourrées de photographies ” et ” de sensationnels reportages illustrés “.

VU se distingue par la mise en place, dès 1928, de reportages photographiques, c’est-à-dire de séries de photographies sur un sujet pré déterminé, confié à un seul photographe. VU se sert également du photomontage pour élaborer par l’image une critique politique ou sociale acerbe, en particulier sous la conduite de Alexandre Liberman, directeur artistique à partir de 1932 (ancien collaborateur de Cassandre qui a dessiné le logo de VU).

Grâce à la technique de l’héliogravure rotative (rotogravure) qui utilise le montage des photographies sur films transparents, les mises en page sont très recherchées, ajoutant un nouveau pouvoir aux photographies : leur agencement et leur combinaison dynamique dans la double-page.

La rotogravure apporte une qualité inégalée du rendu des valeurs, dans des tonalités brunes ou bleutées, aux images de nombreux photographes indépendants (Kertész, Man Ray, Krull, Lotar, Brassaï) et à la multitude de photos d’agences internationales. L’ensemble nous fait découvrir rétrospectivement une audace éditoriale qui ferait pâlir la plupart de nos hebdomadaires.

VU installe une prépondérance de la photographie en tant que médium d’information : “le texte explique, la photo prouve” proclamait déjà la Rédaction. En étalant ce déferlement d’images sur des murs, l’exposition Regarder VU invite à apprécier la validité d’un tel slogan auquel notre époque est si attaché. Car c’est dans VU qu’apparaissent les standards de la médiatisation photographique moderne, où l’image prime désormais sur le texte qui n’en est qu’un commentaire ou un complément – ce qui amènera l’agence photographique VU, créée il y a vingt ans, à lui emprunter son titre en guise d’hommage.

La scénographie se déploie sur deux étages de la MEP (quatre espaces autonomes) avec le parti pris d’exposer les exemplaires originaux (plus de 600 pages).
Chaque espace montre comment photographes et éditeurs, en prenant progressivement conscience des propriétés de la photographie, mettent en place les standards de l’efficacité médiatique. Chaque cimaise explore un domaine propre à l’action médiatique de VU : l’agencement formel des pages, les visages, le développement du reportage, le sensationnalisme de l’image, l’analyse de la situation allemande, l’attractivité des couvertures (photomontage et couleurs), l’étalage hebdomadaire des étonnements photographiques, etc.
L’exposition est avant tout conçue pour que chacun puisse Regarder une profusion d’images, sans superficialité, et entrer dans l’élaboration d’un système médiatique.

Commissaires: Michel Frizot, directeur de recherche au CNRS, historien de la photographie et Cédric de Veigy, enseignant, chercheur en photographie et cinéma.
Exposition réalisée en co-production avec le musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône, auquel appartient la collection du magazine, et où l’exposition sera présentée en mars 2007.