Richard et Pablo Bartholomew

Richard et Pablo Bartholomew
Affinités

Plus de vingt-cinq ans séparent les photographies de Richard et Pablo Bartholomew, mais les similarités dans leurs sujets et le regard qu’ils portent sur la société indienne sont frappantes. Cette exposition met en regard les travaux singuliers d’un père et d’un fils, reflets de parcours de vie différents, mais fédérés par la thématique commune de la quête identitaire.

Galeries

La MEP

New Delhi, au début des années 1950. Un couple, deux regards complices ; l’autoportrait d’un jeune père dans un miroir minuscule suspendu à la fenêtre ; un intérieur, calme. Deux décennies plus tard, une immersion dans l’intimité d’adolescents fumant, couchés nonchalamment sur un lit ; dansant les yeux fermés dans le salon d’un ami ; le même couple devenu parents, plus vieux, mélancolique ; l’autoportrait d’un jeune homme nu dans un miroir appuyé au mur.

Richard Bartholomew fuit la Birmanie durant la Seconde Guerre mondiale. Il s’installe à New Delhi, où il rencontre sa future femme Rati, elle aussi réfugiée du fait de la partition de l’Inde en 1947. Critique d’art, conservateur de musée et écrivain, il évolue dans les cercles intellectuels de l’Inde des années 1950 et 1960, influencés par les idéologies gandhiennes et nehruviennes.
Pendant ce temps, son fils Pablo l’observe développer des photos dans sa chambre noire. Rapidement, il se met lui-même à photographier. Renvoyé de son école, il commence par capter sa jeunesse à New Delhi dans les années 1970. Il réalise une série sur des personnes morphinomanes, ce qui lui vaut de remporter le Prix World Press Photo.

Directement concernés par la problématique du déracinement (Richard est un immigré ; Pablo est le fils de deux réfugiés), père et fils interrogent, grâce à leurs travaux respectifs, l’identité indienne et leur propre identité. Ainsi, Richard Bartholomew, en tant que directeur du développement de la Maison du Tibet – centre culturel et musée du Dalaï Lama à New Delhi – documente le quotidien des tibétains dans les camps de réfugiés à travers l’Inde.

Quelques années plus tard, Pablo Bartholomew montre les laissés-pour-compte (vagabonds, prostitués, fumeurs d’opium, enfants des rues) des rues de Bombay : des européens se mêlent à la classe moyenne indienne, réunis autour de la culture hippie, la spiritualité, la drogue et la musique. Partagés entre plusieurs villes (New Delhi, Bombay, Calcutta) et plusieurs cultures (birmane, indienne et occidentale), père et fils dressent un portrait unique de l’Inde post-indépendance et de sa culture, sur près de trois décennies.

Les photographies de Richard Bartholomew sont restées inconnues du grand public jusqu’à récemment. Pablo Bartholomew, aujourd’hui reconnu internationalement, a publié un recueil des photographies de son père en 2009, intitulé A Critic’s Eye. Le dialogue entre son œuvre et celle de son père à la Maison Européenne de la Photographie est un nouvel hommage à l’œuvre injustement méconnue de Richard Bartholomew.

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Commissaire d’exposition
Rémi Ryterband

 

En partenariat avec

 

Une rencontre conférence est organisée en collaboration avec la Cité internationale des arts le 14 septembre 2017 à 19h30 dans son auditorium.

 

Image en une : Richard Bartholomew, Self-portrait, Delhi, vers 1956
© The Estate of Richard Bartholomew