Romain Osi

Romain Osi
Uscita

Photographe de l'errance, il visite et donne à voir un imaginaire issu du décor brut de nos sociétés urbaines et industrialisées. De février 2004 à avril 2006, il parcourt 16 000 km sur les autoroutes européennes. Sans autre but que celui de se perdre dans les méandres de l'asphalte, il est parti vers l'inconnu dans ce qui s'apparente à une quête de soi et de l'autre.

Galeries

La MEP

Né en 1980 à Paris, Romain Osi est membre de l’agence Picturetank.

Photographe de l’errance, il visite et donne à voir un imaginaire issu du décor brut de nos sociétés urbaines et industrialisées. De février 2004 à avril 2006, il parcourt 16 000 km sur les autoroutes européennes. Sans autre but que celui de se perdre dans les méandres de l’asphalte, il est parti vers l’inconnu dans ce qui s’apparente à une quête de soi et de l’autre. L’univers qui émerge de cette exposition relève à la fois du rêve éveillé et du cauchemar. L’autoroute selon Romain Osi est peuplée de visions hypnotiques : un camion lancé plein phares dans la nuit, des routiers solitaires, des voyageurs à la dérive… L’aspect hallucinatoire et énigmatique de ces photographies est renforcé par un travail subtil sur la lumière et la couleur.

À l’ombre du monde un géant discret chemine. Doucement, mécaniquement, une silhouette filiforme s’allonge ; quelques gouttelettes lumineuses saupoudrées de-ci de-là rythment sa progression. Ce géant murmuré c’est l’Autoroute. Sur un fond couleur nuit, il renvoie des questions. Ici un peuple dérive, sous un délicat parfum de solitude, encore arrimé au réel par la gomme des pneumatiques.

Ceux qui traversent se font face à eux-mêmes. Ici il n’y a qu’une seule direction, deux sens opposés ; vers ou contre soi. Le monde extérieur est juste là derrière les grillages, et pourtant si loin. Ici on peut arrêter le temps, ici on peut se dire ” bonjour moi ” en regardant au fond du rétroviseur. Le voyage c’est nous-même. On roule. On se sent bien, on se sent seul, on parcourt. On tourne en rond, on comprend, finalement non. On se perd, on se fait peur, on danse avec ses pensées, on finit en transe. Douce, légère, une transe comme au ralenti, narguant son alter ego : la vie du jour, bien réelle, définitivement quotidienne celle-ci.

J’ai rencontré des démons, aperçu le bout du monde. J’ai croisé d’autres fourmis à l’envers, parfois même à l’endroit, en douce errance elles aussi. Amnésie, velours et thérapie. Il y en a qui s’allongent sur un divan une fois par semaine, d’autres qui partent marcher six mois en Laponie et il y a ceux qui prennent l’autoroute. Des milliers de kilomètres, un infini ruban bleu qui nous emmène à la rencontre de nos pensées ; fluides ou solides, puritaines ou érotiques, vagabondes, télévisées, sérieuses, folles, voire pour certaines tout simplement absentes.

Romain Osi

L’exposition présente également un film qu’il a réalisé lors de son voyage. Ce périple fait également l’objet d’une visite virtuelle sur un site réalisé en partenariat avec 31 Septembre, ainsi que d’un objet original édité par la MEP, une petite visionneuse photo mécanique.

Image en une : sans titre, Uscita , 2004-2006 © Romain Osi