Rossella Bellusci

Rossella Bellusci
Éblouissements

L'exposition présente l'évolution du travail de Rossella Bellusci jusqu'aux travaux les plus récents, qui permettent de suivre sa quête obsessionnelle de la lumière.

Galeries

La MEP

Au début de son travail, commencé il y a plus de vingt ans la lumière était l’élément structurant de ses photographies (nus, natures mortes, portraits). Violente et latérale, elle “brûlait” le sujet, le faisait presque disparaître, n’en retenait que l’essentiel.

Les séries ultérieures exaspèrent cette démarche : la lumière est dirigée, alors, non plus vers un sujet, mais dans l’appareil photographique, donc l’œil, provoquant un éblouissement, un état de crise de la vision.

La lumière en face, dans les yeux, interrompt le flux d‚informations auquel il est continuellement soumis. Conséquence immédiate : la perte momentanée des références visuelles coutumières. En s’opposant ainsi à la perception de la réalité, la lumière se substitue à elle; ce que l’œil enregistre, même un bref instant, est seulement matière lumineuse.

Dans Lignes-portraits (1990), où intervient encore un modèle humain (une femme en buste), celui-ci est placé entre la source lumineuse, dirigée frontalement, et l’objectif : la lumière glisse sur les contours d’un sujet interposé, qu’elle réduit à une trace, une ligne, transformant un corps solide en matière fluide, par un passage qui marque le modèle en même temps qu’il l’efface.

Ici, les éléments constitutifs de l’image sont inversés : le sujet abandonne sa place habituelle d’objet rendu apparent par une lumière qui le frappe et le révèle, mais devient support à la manifestation de la lumière ; la lumière n’a plus son rôle instrumental, elle s’impose pour elle-même.

Lumière frontale (1994-1998) radicalise cette démarche en supprimant le sujet pour que la lumière devienne le matériau unique de la photographie. Rien ne s’interpose plus entre elle et mon regard; Rossella Bellusci rentre ainsi dans un espace vidé de tout objet autre que la lumière, un matériau vif qui percute l’œil en stimulant sa réaction. L’œil est l’instrument qui la réélabore, lui donne forme, pour qu’il puisse discerner sa présence et la retenir.

L’exposition présente l’évolution du travail de Rossella Bellusci jusqu’aux travaux les plus récents, qui permettent de suivre sa quête obsessionnelle de la lumière.