Sophie Elbaz

Sophie Elbaz
L'envers de soi

L'envers de soi présente quelques-unes des séries les plus significatives du parcours photographique de Sophie Elbaz.

Galeries

La MEP

L’envers de soi présente quelques-unes des séries les plus significatives du parcours photographique de Sophie Elbaz. Photoreporter de 1986 à 1995 auprès des agences Reuter et Sygma, elle a couvert de grands événements qui ont forgé sa vision et dont témoigne Contre toute attente, essai photographique réalisé auprès des réfugiés bosniaques. En 1995, elle quitte la presse et découvre Cuba. Son travail sur le Garcia Lorca, l’Opéra de la Havane, rend hommage à la résistance de ce monde replié sur lui-même. Plus récemment, elle réalise une trilogie, Aleyo, sur le Sacré, le Corps et le Politique. Cuba devient peu à peu l’atelier imaginaire de Sophie Elbaz. Elle y trouve matière et occasion d’une “écriture de Soi”, dévoilant non seulement l’endroit, mais aussi l’envers des choses. Dans le cadre de cette exposition, elle présente également son premier film, qui retrace sa quête de ses origines paternelles séfarades.

” Une existence n’est pas faite de ruptures. Elle se construit au contraire dans le temps et par l’acceptation du changement, des altérations, des mutations. C’est ainsi que se forge l’évolution d’une vie. J’ai donc pensé cette exposition, non comme un corpus ponctuel représentatif d’un instant de réflexions et de recherches, mais autour d’étapes fondatrices de mon parcours. Si le monde fut le terrain de mes humanités, j’ai dû explorer mon intériorité pour comprendre que je n’avais fait qu’y projeter ma propre blessure : le couloir de la mort, l’inceste aux États-Unis, la Bosnie et les viols massifs, la Révolution Roumaine, la libération de Nelson Mandela, les camps de réfugiés Rwandais. Les exclus avaient été mes sujets durant toutes ces années à l’agence Sygma. Contre Toute Attente, corps de travail réalisé durant le conflit en ex-Yougoslave introduit le parcours de l’exposition.
En 1995, je quittais mon statut de reporter et foulais le sol cubain pour la première fois. Mes origines et les années passées au Mexique, en Afrique, en Inde et aux États-Unis m’ont sans doute préparée à recevoir et non à juger. J’ai alors dépassé la rationalité des certitudes pour plonger dans l’univers inspiré d’Alejo Carpentier, de Wilfredo Lam ou de Mendive.
Si ma rencontre avec l’âme cubaine est un prétexte (comme l’Afrique devient sous la plume de Michel Leiris une métaphore de l’écriture de Soi, un champ d’énergies), elle m’a permis d’effectuer ce nécessaire voyage intérieur vers mon africanité et ma psyché. Elle m’a ainsi autorisé un nouveau langage de lumière dans un imaginaire qui m’est propre.
De 1995 à 1999, j’ai photographié le Lorca dans la tradition puriste du noir et blanc, une leçon de résistance et d’humilité à l’Opéra de la Havane. Aujourd’hui, mon dernier travail,Aleyo, compose un cri de vie aux couleurs d’une terre qui m’est essentielle et témoigne d’un héritage qui a résisté, jusqu’à peu, aux colonisations et à 50 ans de pensée marxiste-léniniste. Pour conclure cette quête de l’origine, je livre mon premier film réalisé fin 2007 à Constantine, en Algérie, sur les traces de mon grand-père, Jonathan Elbaz.”

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